Les arrestations avaient eu lieu dans le cadre de l’opération « hashtag » visant à sécuriser le pays avant les Jeux olympiques de Rio. | Felipe Dana / AP

Un juge de Curitiba, grande ville du sud du Brésil, a prononcé jeudi 4 mai des peines allant de 6 à 15 ans de prison contre huit personnes accusées d’avoir fait l’apologie « d’actes terroristes ». Il s’agit de la première condamnation s’appuyant sur une loi anti-terroriste controversée votée en mars 2016 pour sécuriser le pays avant les Jeux olympiques de Rio.

Selon le juge Marcos Josegrei da Silva, les accusés, âgés de 19 à 33 ans, communiquaient via des groupes fermés sur les réseaux sociaux où ils ont partagé des contenus jihadistes du 17 mars au 21 juillet 2016. Ils ont été arrêtés fin juillet, quelques semaines avant le début des Jeux. Cinq autres personnes interpellées au cours de ce coup de filet baptisé « opération hashtag » ont été depuis relâchées.

Le groupe aurait « discuté de cibles potentielles au Brésil - des étrangers pendant les jeux Olympiques, des homosexuels, des musulmans chiites ou des juifs - et d’indications pour la fabrication de bombes artisanales, l’usage d’armes blanches et l’acquisition d’armes à feu », a précisé le juge.

Dans des conversations à travers l’application Telegram interceptées par la police, les membres du groupe « manifestaient l’idée qu’ils devaient sortir du plan virtuel pour commencer à agir dans la pratique », et de « profiter des Jeux olympiques », avait déjà expliqué en septembre le procureur Rafael Brum.

Des « amateurs » selon le ministre de la justice

La peine la plus lourde, 15 ans et 10 mois, vise un homme de 33 ans à qui il est reproché d’avoir célébré les attaques de l’Etat islamique et fait allégeance au groupe terroriste sur trois profils Facebook différents.

Son avocate, qui est également sa mère, estime que cela ne prouve pas qu’il ait commis un crime. « Ils n’ont rien sur lui », a-t-elle déclaré à l’agence Associated Press, prévenant qu’elle allait faire appel et « le sortir de là ». Son fils serait en grève de la faim depuis plus d’un mois.

Aucune action terroriste concrète n’a été menée. Les accusés n’ont jamais été plus loin que tenter d’acheter par email une mitraillette AK47 au Paraguay. Le ministre de la justice de l’époque, Alexandre Moraes, les avait qualifiés d’« amateurs » mais avait justifié l’action de la police par les actes de « loups solitaires » en Europe et aux Etats-Unis.

La loi votée par le Congrès en mars 2016 sous la présidence de Dilma Rousseff a élargi le sceptre des actions considérées comme relevant du terrorisme. « Prôner le terrorisme » est passible d’une peine allant jusqu’à 8 ans de prison tandis que « rejoindre une organisation terroriste » peut valoir de 10 à 20 ans d’incarcération.

Les associations de défense des droits de l’homme ont fait part de leur inquiétude après le vote d’une loi qui ne définit pas clairement le terrorisme, ouvrant la porte par exemple à des sanctions contre des manifestants faisant usage de leur liberté d’expression.

Les JO de Rio se sont déroulés du 5 au 21 août. 85 000 policiers et militaires avaient été mobilisés pour assurer la sécurité des athlètes et des visiteurs.