Des étudiants de l’université centrale du Venezuela aux prises avec la police antiémeute, à Caracas, le 4 mai 2017. | RONALDO SCHEMIDT / AFP

Huit pays d’Amérique latine ont dénoncé jeudi l’« usage excessif de la force » contre les manifestants au Venezuela, a annoncé le ministère des affaires étrangères mexicain, alors que le bilan des protestations contre le gouvernement s’élève à plusieurs dizaines de morts. Les huit pays – Argentine, Brésil, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique et Paraguay – condamnent l’exacerbation de la violence dans ce pays en crise et appellent le pouvoir à respecter les droits de ses ressortissants.

Le Costa Rica a annoncé jeudi soir avoir rappelé pour consultations sa chargée d’affaires au Venezuela, Ana Patricia Villalobos. Des incidents ont encore éclaté, jeudi, entre les forces de l’ordre et les étudiants, qui défilaient contre le président socialiste Nicolas Maduro. Au moins 35 personnes ont perdu la vie, et 717 ont été blessées depuis le début de la vague de protestation, le 1er avril, selon le dernier bilan du parquet.

« On est des étudiants, pas des terroristes ! »

Des heurts se sont produits à Caracas, la capitale, alors qu’un cortège de centaines de personnes, les mains en l’air, quittait l’université centrale du Venezuela (UCV), principale institution publique d’enseignement supérieur du pays, a constaté l’AFP. A peine sorties du campus, elles ont été bloquées par les forces de l’ordre et des camions antiémeute équipés de barrières. Rapidement, la garde nationale a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser les jeunes, dont certains répondaient avec des pierres et des cocktails Molotov. « On est des étudiants, pas des terroristes ! », scandaient-ils.

Plusieurs marches ont eu lieu à partir de centres universitaires dans divers points du pays. Les Vénézuéliens, déjà secoués par la violence des manifestations, l’ont été davantage après les rumeurs sur la santé de l’un des dirigeants de l’opposition, Leopoldo Lopez, actuellement emprisonné. Coordinateur du parti Voluntad popular (« volonté populaire »), il est détenu depuis les troubles de 2014 qui ont fait une quarantaine de morts. Il a été condamné à quatorze ans de prison pour incitation à la violence.

Jeudi, un leader étudiant a également été tué lors d’une assemblée générale dans son université, dans le cadre d’une journée de manifestations étudiantes. José Lopez Manjares, 33 ans, « se trouvait dans une assemblée étudiante. A la fin, un des assistants s’est approché et lui a tiré dessus à plusieurs reprises. Il a ensuite fui à moto », a annoncé le ministère public. Trois autres personnes ont été blessées, selon le parquet, qui enquête sur cette affaire.

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