Afin de prévenir « un nouveau drame », les syndicats ont demandé l’intervention d’un prestataire extérieur « pour aider l’équipe à reconstruire son projet médico-soignant ». | ALAIN JOCARD / AFP

Le suicide, l’an passé, d’une infirmière du Groupe hospitalier du Havre (GHH), souffrant de ses conditions de travail, a été reconnu en « accident de service », après enquête administrative interne, ont fait savoir vendredi 5 mai la direction et la CGT.

Emmanuelle Lebrun, 44 ans, infirmière en néonatalogie, en couple et mère de deux enfants, avait mis fin à ses jours le 24 juin 2016 à son domicile. Elle avait laissé une lettre expliquant qu’elle subissait un important stress professionnel et qu’elle avait « le sentiment d’avoir fait quelque chose de grave », a indiqué Agnès Goussin-Mauger, déléguée CGT.

La CGT et SUD, via le CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), avaient demandé une enquête administrative menée par une commission paritaire qui a classé le décès de l’infirmière en accident du travail, selon la déléguée syndicale.

La direction du GHH a confirmé, dans un communiqué, « avoir suivi l’avis de la commission de réforme qui impute le suicide de Mme Emmanuelle Lebrun à un accident de service ». « Le travail de fond entrepris par la commission paritaire a permis de démontrer le lien direct et unique entre le suicide d’Emmanuelle et ses conditions de travail », a estimé la déléguée CGT.

« Le risque psycho-social est bien réel »

Un communiqué syndical commun ajoute que « cette reconnaissance d’accident apporte une réponse au compagnon et aux enfants d’Emmanuelle, soulage les équipes et démontre que le risque psycho-social est bien réel à l’hôpital ».

Afin de prévenir « un nouveau drame », les syndicats ont demandé l’intervention d’un prestataire extérieur « pour aider l’équipe à reconstruire son projet médico-soignant ». Selon Mme Goussin-Mauger, Emmanuelle Lebrun « avait toujours dit qu’elle redoutait de travailler en réanimation », ce qu’elle était contrainte de faire parfois pour les nécessités du service.

Pendant son temps de travail en réanimation, un bébé a été proche de mourir. « Elle a cru, à tort, avoir commis une faute professionnelle et ne s’en est pas remise. » « Malheureusement, ce qu’elle n’a jamais su, c’est que la petite fille s’en est sortie, juste après son suicide », a raconté, émue, la déléguée CGT.

Le décès de Mme Lebrun avait fait partie d’une vague de suicides l’été dernier, dans le personnel infirmier en France, notamment à Toulouse, à Saint-Calais, près du Mans, et à Reims.