Drones en berne

L’attrait exercé par l’univers des drones auprès des investisseurs n’est plus ce qu’il était. Selon le rapport annuel réalisé par AgFunder, qui dresse une synthèse des levées de fonds réalisées par les entreprises du secteur robotique, les capitaux collectés par les sociétés évoluant dans ce secteur ont reculé de 64% en 2016. TheRobotReport indique que l’année passée a pourtant été excellente pour les entreprises de la Hight-Tech qui ont levé 1,95 milliard de dollars à travers le monde, en hausse de 50%. La principale opération (150 millions de dollars) a bénéficié à Velodyne LIDAR qui, comme son nom l’indique fabrique des Lidars, ces radars-lasers indispensables au développement des futures voitures autonomes. Ford et Baidu ont souscrit à cette opération. Le secteur des drones, en revanche, ne fascine plus autant les investisseurs.

L’inspection d’infrastructures constitue l’un des secteurs les plus prometteurs pour les drones. | Mary Esch / AP

Zipline en pôle

En 2015, les principaux investissements avaient porté sur Parrot (300 millions d’euros) et DJI (75 millions de dollars). L’an passé, la plus grosse opération (43,8 millions de dollars) a concerné Zipline International, une société de San Francisco qui vise le marché de la livraison aérienne, en particulier pour transporter vaccins, médicaments ou prélèvements sanguins en Afrique pour désenclaver des localités isolées. En seconde position, on trouve Airware (30 millions de dollars) qui fabrique des autopilotes et a pu ainsi financer le rachat de la société française Redbird, spécialisée dans le traitement de données numériques dans le secteur des travaux publics. Cette désaffection relative révèle la profonde évolution que traverse le secteur. La « bulle » formée en 2015 autour des fabricants de drones n’a pas résisté au trop plein engendr par la brusque multiplication de l’offre. Seul, le chinois DJI qui détient les deux-tiers du marché des drones de loisirs a résisté en multipliant les lancements de nouveaux produits mais en déclenchant une guerre des prix. Le français Parrot, l’américain 3D Robotics ou les chinois Yuneec et Ehang qui avaient levé des sommes importantes connaissent aujourd’hui de grosses difficultés et ont du fortement réduire leur voilure.

Les investisseurs commençent à s’intéresser de près aux livraisons par drone. Ici, un modèle expérimental d’Amazon. | HO / AFP

L’exemple de 3D Robotics

En fait, les drones continuent d’intéresser les investisseurs mais pour les services qu’ils permettent d’offrir dans le cadre d’applications professionnelles. La collecte et, surtout, le traitement des données numérisées mais aussi la logistique sont devenus les débouchés les plus prometteurs. L’exemple de 3D Robotics est, à cet égard, éclairant. Ce constructeur américain de drones a abandonné en catastrophe la commercialisation d’appareils de loisirs pour se lancer dans le traitement de données (cartographie, inspection) pour les secteurs de la construction, des télécoms ou de l’énergie. Un programme qui lui a permis de mobiliser 26,7 millions de dollars en 2016. La liste des autres levées de fonds réalisées l’an passé par des sociétés du secteur des drones confirme cette évolution: 14,5 millions de dollars pour la firme toulousaine Delair Tech (drones civils et analyse de données), 10 millions de dollars pour la société allemande Dedrone qui réalise des système de protections contre... les drones ou encore 9,5 millions de dollars pour Matternet qui table sur le développement de la livraisons aérienne. L’une des plus belles levées de fonds de l’année écoulée a permis à la Drone Racing league qui organise des compétitions de drones de recueillir (17,6 millions de dollars).