Après être retombé de son tir en flotteur, Tony Parker se tient la jambe gauche dans un rictus de douleur : il devra être opéré du quadriceps. | Jerry Lara / AP

C’est sur son action signature, un tir en flotteur, que Tony Parker s’est blessé jeudi soir au quadriceps gauche, lors du deuxième match des demi-finales de la conférence Ouest de NBA, face à Houston (1-1). Vingt-quatre heures plus tard, une IRM a confirmé ce que craignait l’encadrement des San Antonio Spurs : « rupture du tendon quadricipital gauche » nécessitant une opération, six mois d’arrêt seront peut-être nécessaires. Dans tous les cas, sa saison est évidemment terminée.

Quand Tony Parker tombe comme un bout de bois sur le parquet de San Antonio, immobile et se tenant la jambe gauche, le commentaire de la télévision américaine est terrible : il donne son âge puis son CV. « Il aura 35 ans le 17 mai. Il a été meilleur joueur des finales, sept fois All-Star, deux fois aux Jeux olympiques. » Le commentateur se retient tout juste de donner la date des funérailles.

Tony Parker Injury - Spurs vs Rockets | Game 2 | May 3, 2017 | #NBAPlayoffs

C’est bien sûr un coup d’arrêt dans la carrière de celui qui, ce soir-là, devenait le cinquième joueur ayant disputé le plus de matches de phase finale en NBA (221), devant Kobe Bryant, et avait franchi la barre des 4000 points, atteinte par huit joueurs seulement avant lui.

Des statistiques qui reflètent davantage la santé de fer d’un joueur qui n’avait plus manqué un seul match de play-off depuis ses débuts en NBA en 2001, que sa réelle place dans l’histoire du jeu. Il s’enorgueillait à raison d’un corps à toute épreuve, malgré quelques alertes à la cuisse gauche et un jeu explosif à risque.

« Je ne me sens pas encore vieux »

Mais Tony Parker, sous contrat jusqu’en 2018, n’a jamais envisagé d’interrompre sa carrière à 35 ans. Doté d’une inébranlable confiance en lui, ce qui lui fut reproché en France à ses débuts, il disait au Monde en 2015 :

« J’aimerais jouer encore six ans à San Antonio. Je ne me sens pas ­encore vieux, je me sens même très jeune, surtout dans ma tête, même si physiquement je ne récupère plus aussi vite. J’aurai alors 38 ans. Je déciderai si je me sens encore en forme et si je veux terminer en France. »

Il ne s’est pas exprimé depuis sa blessure mais dans l’absolu, Parker rêvait d’un nouveau contrat jusqu’en 2021. Il l’aurait sans doute obtenu avec la bénédiction de l’entraîneur Gregg Popovich, véritable patron de la franchise texane qu’il a guidé vers cinq titres de champion (1999, 2003, 2005, 2007, 2014) et une présence ininterrompue en play-offs depuis 20 ans, à deux longueurs d’u record. « Il m’a dit : “J’arrêterai quand tu t’arrêteras” », a récemment dit Tony Parker au sujet de l’ancien militaire, âgé de 68 ans.

Après 16 saisons dans cette équipe aussi familiale que peut l’être une franchise NBA, Tony Parker est devenu une sorte d’entraîneur adjoint, prenant régulièrement la parole lors des temps morts et guidant la manœuvre sur le terrain. Après la retraite de Tim Duncan, et alors que l’autre grognard, Manu Ginobili, n’a qu’un temps de jeu réduit, le Français est le garant de la symphonie collective des Spurs, rare franchise où la quête de victoire collective éclipse complètement les récompenses individuelles. « C’est plus que notre meneur, son expérience et son sang froid vont nous manquer aussi », a souligné Ginobili, louant son importance au-delà des statistiques.

Depuis le début des play-offs, « le meilleur Parker »

Cette blessure grave pose un point d’interrogation sur la suite de sa carrière. Dans quel état reviendra-t-il, et dans quel rôle ? Cette saison plus qu’une autre, Parker souffrait de la comparaison avec la nouvelle génération de meneurs, beaucoup plus décisifs et adroits à trois points. De tous les prétendants au titre NBA, les Spurs étaient les plus faibles à ce poste, pointaient les observateurs, appelant à recruter un meneur pour prendre la succession de Parker.

Depuis le début des play-offs, le Français avait toutefois fait taire les critiques, ravissant son (grand-) père spirituel : « C’est le meilleur Parker », avait tranché Popovich après une prestation décisive pour plier la série de premier tour face aux Memphis Grizzlies (4-2). Il jouait particulièrement juste, à plus de 50 % de réussite à trois points et un ratio passes décisives/balles perdues particulièrement favorable. Avant sa blessure face à Houston, au début du dernier quart-temps, il avait encore porté les Spurs avec 18 points.

Sans leur général, les Spurs ne partent plus favoris pour se qualifier face aux Houston Rockets de James Harden, même s’ils conservent un avantage dans le jeu intérieur avec un Kawhi Leonard à son sommet depuis le début des play-offs (30,3 points par match). Au tour suivant, le vainqueur de ce derby texan retrouvera sans doute les Golden State Warriors, bien partis pour balayer l’Utah Jazz de Rudy Gobert (2-0). Une finale de conférence qui s’apparenterait à une mission impossible.