Le phénomène s’accélère. Les « battles », ces compétitions de hip-hop qui essaiment dans le monde entier, intègrent aujourd’hui des championnats d’enfants de moins de 15 ans, voire des « baby battles » mettant face-à-face des petits de 5 à 12 ans. Une tendance spectaculaire qui rafle la mise. Le 5 mars, à l’AccorHotels Arena à Paris, ex-Bercy, le Juste Debout, rassemblement de danses hip-hop dites debout, créé en 2002 par Bruce Ykanji, valorisait pour la première fois comme une catégorie à part entière le Junior Dance Tour mis en place en 2011 pour des gamins de 6 à 14 ans.

Samedi 6 mai, à Montpellier, le Monster Blaster BOTY (Battle Of The Year) France affiche, pour sa 17e édition, son tout nouveau « Battle Kids », avec six équipes de dix Bboys et Bgirls, âgés de 9 à 15 ans. Quant à l’Euro Battle Pro, pionnier sur le créneau, le 13 mai, à Marseille, il propulse son « KIDZ Battle » lancé en 2001 avec quatre équipes de filles et garçons âgés de 6 à 14 ans.

La Bgirl Terra. | MARSEILLE BATTLE PRO

Cette lame de fond s’appuie sur un nombre croissant d’enfants et d’ados pratiquant la danse hip-hop à fond la gomme. Pas un pays aujourd’hui qui ne booste ses jeunes lors des plateformes de championnats internationaux. Le Juste Debout en avait pré-sélectionné 200 dans cinq pays dont la Chine et le Japon. Les quatre groupes de l’Euro Battle Pro viennent de Belgique, de France, de Biélorussie et d’Ukraine. « Il y a une grosse émergence d’un très bon niveau dans les pays de l’Est, précise Zoubir Chhibi, de l’Euro Battle Pro. Je pense qu’historiquement, leur pratique du sport, l’entraînement, la discipline y sont très présents. J’ai démarré à Chelles en 2001 avec une dizaine de jeunes . Aujourd’hui, le hip-hop est de plus en plus populaire, dans les quartiers mais aussi en ville et dans les zones rurales. »

La Bgirl Charline (Flow Killers), au BOTY France 2016. | MAHAMADOU DIARRA

« Un lien social »

« Dans les années 1980, en France, les premiers hip-hopeurs ont commencé à l’âge de 15-16 ans et ce sont eux aujourd’hui qui transmettent aux enfants qui sont effectivement de plus en plus jeunes, ajoute Thomas Raymond, du BOTY. Le renouvellement des générations est en train de s’opérer. Il s’agit aujourd’hui avec ces compétitions de conserver aussi les valeurs du hip-hop et, entre autres, celles du collectif dans la danse. »

Pas question de basculer dans l’arène avec bêtes de scène, de foire ou de concours pour faire grimper les enchères de l’attraction spectaculaire. « Je veille à ce que cela reste un jeu d’abord et avant tout, précise Zoubir Chhibi. Les jeunes dégagent une énergie folle, un plaisir à danser énorme et une forme d’insouciance. Participer à ces évènements crée un lien social, une appartenance et une identité culturelle pour nombre d’entre eux. Leur présence a aussi ouvert les battles au public familial. » Avec, aujourd’hui, les mêmes règles du jeu que les adultes, les kids gagnent du terrain. Au risque de voler la vedette aux performeurs professionnels.

Le Bboy Jake (Brigand Crew), au BOTY France 2016. | MAHAMADOU DIARRA

Monster Blaster BOTY (Battle Of The Year) France 2017. Le 6 mai, Zénith Sud, Montpellier.

Euro Battle Pro 2017. Le 13 mai, Théâtre Silvain, Chemin de la fausse monnaie, Corniche JF Kennedy, Marseille.