LA LISTE DE NOS ENVIES

Envie d’autre chose que cette actualité présidentielle ? Profitez du week-end pour vous échapper de la politique et découvrir un très beau portrait de l’immense cinéaste Jean Renoir, un documentaire remarquable sur une Amérique en perdition et, avec vos ados, un programme court très bien fait pour réviser ou enrichir sa culture générale.

Et pour ceux qui préfèrent consacrer leur fin de semaine à concocter des petits plats, l’émission « Chéri(e), c’est moi le chef » peut constituer une amusante mise en bouche.

Quand Jean Renoir devint le patron du cinéma français

Les cinéastes de la Nouvelle Vague l’appelaient « le patron » et François Truffaut estimait que La Règle du jeu était le film qui avait suscité le plus de vocations dans sa génération. Aujourd’hui encore, la plupart des réalisateurs, tel Cédric Klapisch, affirment que Jean Renoir reste leur « père spirituel ».

Dans le cadre d’un hommage que lui rend Arte, avec un cycle de films restaurés, la chaîne propose un portrait inédit du cinéaste réalisé par Alexandre Moix et construit autour de rares archives télévisées, d’entretiens pleins de vie et d’élégance avec celui qui a réalisé trente-huit films, dont la plupart sont devenus des classiques.

Photos d’archives de son père, extraits de ses films de la ­maison familiale de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) et plusieurs témoignages viennent éclairer la personnalité de cet immense cinéaste, dont la fonction, disait-il, était d’« ouvrir les fenêtres ». Daniel Psenny

« Quand Jean devint Renoir », d’Alexandre Moix (France, 2017, 54 minutes). Sur Arte + 7 jusqu’au 7 mai.

« I Pay for Your Story », une détresse américaine

Trailer | I Pay for Your Story | Lech Kowalski

C’est une petite ville située à moins de cinq heures de route au nord de New York. Il y faisait autrefois bon vivre si l’on en croit les témoignages recueillis dans ce documentaire poignant. Aujourd’hui, Utica symbolise une Amérique en perdition. Avant, il y avait de grandes usines, des magasins, des restaurants, du travail pour presque tout le monde, entre le textile et la fabrication d’appareils photo chez General Electric.

Aujourd’hui, les usines ont fermé, les boutiques également, et l’emploi semble avoir disparu du paysage. Documentariste réputé, Lech Kowalski a vécu une partie de son enfance et de son adolescence à Utica avec ses parents, immigrés polonais venus trouver une vie plus douce en Amérique. En voix off, il se rappelle des bons moments, de la patinoire en été, de la musique, de la vie.

De retour dans cette ville désormais sinistrée, Lech Kowalski a eu une idée aussi simple qu’efficace : installer une caméra sous la véranda d’un immeuble délabré qui abrita autrefois un night-club réputé, et faire parler des habitants de leur vie, moyennant 15 dollars par témoignage.

Le résultat de ce travail est aussi passionnant que déprimant. La plupart des volontaires prêts à se livrer, hommes ou femmes, sont noirs, ont fait de la prison, connu des histoires familiales parfois tragiques, ont vivoté grâce au trafic de drogue dans la rue. Une plongée glaçante dans une Amérique à la dérive. Alain Constant

« I Pay for Your Story », de Lech Kowalski (France, 2016, 95 minutes). Sur Arte + 7 jusqu’au 8 mai.

Petits cours en accéléré

La Séparation des Pouvoirs - Quelle Histoire Cyrus !

Debout derrière sa table de travail encombrée de gadgets en tous genres, Cyrus North, face caméra, délivre sa leçon. A chaque épisode, le thème est différent mais toujours lié à un fait d’actualité. Exemple : la découverte toute récente de sept nouvelles planètes pour le volet intitulé « Comment on fait pour conquérir l’espace » ou le vote d’admission des femmes au club de golf de Muirfield en Ecosse pour celui consacré aux « Inégalités hommes femmes ».

Aidé par son double historique, Cyrus North parle abondamment, apporte son éclairage sur chaque dossier, remonte le temps pour mieux le mettre en perspective et l’expliquer, avec vivacité et humour.

Ainsi sont évoqués dans l’épisode sur « La Trahison », la mort de Jules César, Judas, Hitler trahissant la Russie ; dans le numéro sur « La Séparation des pouvoirs », Louis XIV, le Français Montesquieu et l’Anglais John Locke, l’écrivain Jean-Jacques Rousseau…

Au total, la série Quelle histoire Cyrus ! offre seize cours de vulgarisation sur des thèmes extrêmement variés. Un programme riche, clair, vivant et amusant pour les plus de 13 ans. Véronique Cauhapé

« Quelle histoire Cyrus ! », programme court d’informations créé par Thibault Chuffart et Cyrus North, réalisé par Tom Aguilar (France, 2017, 16 x 5 minutes). Sur le site education.francetv.fr

Chamailleries culinaires entre couples

Chérie, c'est moi le Chef le nouveau jeu de France 2

L’émission quotidienne de cuisine de France 2, diffusée à 17 heures, « Chéri(e), c’est moi le chef », met en compétition trois couples. Selon les jours, ce sont les femmes ou les hommes qui sont en cuisine ; mais, chaque fois, ce sont ceux qui ne cuisinent pas d’ordinaire à la maison qu’on retrouve aux fourneaux, guidés, à travers une oreillette, par leur conjoint, à qui la recette a été expliquée par le chef et entrepreneur Grégory Cohen, animateur de l’émission.

On recommandera l’épisode du 2 mai, grandement dominé par un impayable couple de seniors belges, Joseph (« Jos ») et Sylvana, à l’accent et à l’humour à couper au couteau.

Dans le sillage de la série Worst Cooks in America, diffusée par la chaîne nord-américaine Food Network (qui parvient à des castings de “bras cassés” à peine croyables), on verra donc Sylvana concocter un plat (gâteau de crabe à la sauce hollandaise et frites de patate douce) dont elle avoue elle-même, entre autres saillies, qu’elle « plaint celui qui devra le goûter ».

Moins extrême que Worst Cooks in America, « Chéri(e), c’est moi le chef » apprend cependant – en donnant l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire – à cuisiner correctement. Et l’on s’amuse décidément bien des chamailleries et ratages des couples en lice. Renaud Machart

« Chéri(e), c’est moi le chef ». Sur Pluzz jusqu’au 8 mai.