Cristobal Huet sera l’un des atouts maîtres de l’équipe de France de hockey sur glace. | JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Ce samedi à 20 h 15, la France entre dans ses championnats du monde à domicile contre la Norvège. Mais ne vous pressez pas au Stade de France pour espérer voir les hommes de Didier Deschamps terrasser les successeurs de l’inénarrable John Carew ; on parle là de hockey sur glace, qui a deux semaines pour se faire une place dans un pays qui y reste hermétique.

Pourtant, soixante-six ans après la dernière édition d’un championnat du monde de hockey organisé à Paris et vingt-cinq ans après les Jeux olympiques d’Albertville, les spectateurs français auront la chance de découvrir le plus haut niveau de ce sport et de voir évoluer quelques-unes de ses vedettes.

A partir du 5 mai, tandis que les matchs du groupe A se déroulent à Cologne, ceux du groupe B, qui regroupe huit nations dont les Bleus, se disputent entièrement au Palais omnisports de Paris-Bercy, transformé pour l’occasion en patinoire. Le 18 mai, les Parisiens pourront également assister à deux quarts de finale. Pour les demies et la finale, il faudra en revanche franchir le Rhin. Mais ce ne sera sans doute pas pour y voir les hockeyeurs français, dont les chances d’accéder à ce stade sont quasi nulles.

Les quarts, un rêve à domicile

Lundi 1er mai, dans la patinoire bordelaise de Mériadeck, les hockeyeurs français ont terminé leur préparation par une défaite face à la Biélorussie (4-1), battue la veille (3-1). Un coup de mou qui n’inquiète pas le très placide Dave Henderson, l’entraîneur franco-canadien : « Ce n’est pas inquiétant après cinq semaines intensives de stage. On savait que nous allions connaître une baisse. Il faut être prêts pour le 6 mai… »

L’objectif principal sera le maintien dans la division élite, qui compte seize nations. Seule la dernière place de chaque groupe est synonyme de relégation à l’étage inférieur, un niveau que les Bleus n’ont plus connu depuis 2007.

« Cela fait dix ans qu’on se maintient, qu’on joue d’une façon qui fait que le hockey français est respecté et reconnu comme étant en devenir », assure l’attaquant Pierre-Edouard Bellemarre, qui évolue depuis 2014 aux Flyers de Philadelphie dans la Ligue nationale de hockey (NHL), le championnat nord-américain où jouent les meilleurs joueurs du monde. Ils sont trois Français à y côtoyer le gratin du hockey mondial, avec Antoine Roussel (Stars de Dallas) et Yohann Auvitu (Devils du New Jersey).

Antoine Roussel a des mots avec des joueurs biélorusses, à Bordeaux, le 30 avril. | NICOLAS TUCAT / AFP

Dotés de ces joueurs habitués au plus haut niveau et soutenus par leur gardien expérimenté Cristobal Huet, ancienne vedette de la prestigieuse franchise des Canadiens de Montréal, les Français ont un petit espoir de se qualifier pour les quarts de finale. Les Bleus tenteront de décrocher la quatrième place du groupe, la seule a priori accessible.

En 2014, lors des Mondiaux biélorusses, ils s’étaient déjà qualifiés à la surprise générale pour les premiers quarts de leur histoire récente en battant notamment la Slovaquie et le Canada.

« Nous sommes conscients de l’enjeu »

Les trois premières places de leur groupe semblent promises aux redoutables Canadiens (21 titres de champions du monde), aux virtuoses Tchèques (6 titres de champions du monde) et aux solides Finlandais (2 titres de champions du monde).

Pour la quatrième, il faudra gagner un maximum de matches face aux autres adversaires : la Norvège, la Suisse, la Lettonie et la Biélorussie. Si ces nations possèdent une vraie culture hockey, à l’inverse de la France, elles restent abordables pour les Bleus. En match de préparation, les Bleus ont d’ailleurs battu une fois et perdu une fois contre la Suisse (3-4, 3-2), la Lettonie (1-2, 6-4) et la Biélorussie (3-1, 1-4). « On est à 50 % satisfait puisque l’on a gagné la moitié de nos matches. On est capables de faire mieux. Quand la pression de la compétition sera là, on répondra présent à toutes les rencontres », assène Floran Douay, 22 ans.

Le cadet des 25 internationaux tricolores ne dissimule pas l’importance de la compétition pour son sport en France : « Nous sommes conscients de l’enjeu. La Fédération nous a bien fait comprendre que c’était un moment très important pour le hockey français. Jouer un quart de finale en France serait incroyable », dit le Haut-Savoyard, exilé en Suisse depuis l’âge de 15 ans.

Stéphane Da Costa, membre éminent de l’équipe de France et joueur du CSKA Moscou, y voit aussi le point de départ d’une possible éclosion du sport dans nos frontières : « L’exemple du handball d’il y a trente ans peut nous inspirer. Ils se sont mis à gagner et depuis c’est un sport populaire. » En début d’année, la salle de Bercy et le contexte des championnats du monde avaient plutôt réussi aux handballeurs français, titrés pour la sixième fois.