Des militaires de l’opération Sentinelle patrouillent près du Champs-de-Mars, devant la tour Eiffel, dimanche 23 avril, jour du premier tour de l’élection présidentielle. | LUDOVIC MARIN / AFP

Le constat semble entendu : à bien des égards, le second tour de l’élection présidentielle est inédit. Il le sera également en termes de sécurité. Dimanche 7 mai, comme au premier tour du scrutin, 50 000 policiers et gendarmes supplémentaires seront déployés sur l’ensemble du territoire. Ils s’ajoutent aux 7 000 militaires de l’opération Sentinelle mobilisés depuis les attentats de janvier 2015.

Un dispositif de sécurité sans commune mesure avec celui mis en place lors de l’élection présidentielle de 2012 au vu du « contexte totalement différent », mis en avant par le porte-parole du ministère de l’intérieur, évoquant la menace terroriste et l’état d’urgence. « Avant la présidentielle de 2012, nous avions déjà été frappés par l’affaire Merah, qui avait nécessité un niveau de vigilance important. Cet impératif sécuritaire n’a cessé de croître ces cinq dernières années », résume ainsi Pierre-Henry Brandet.

Deux temps

La sécurité le jour du second tour se jouera en deux temps : durant la journée de vote, puis une fois le résultat connu. Sur l’ensemble du territoire, dimanche 7 mai, de 8 heures à 20 heures, « des patrouilles et des unités statiques de policiers seront mobilisées pour assurer la sécurisation autour des bureaux de vote et réagir immédiatement en cas d’incidents », détaille le porte-parole de l’intérieur.

Ces effectifs seront déployés en collaboration avec les policiers municipaux et les militaires de l’opération Sentinelle. « Des policiers référents ont été désignés au sein de chaque commissariat et seront les contacts des mairies et des présidents des bureaux de vote pour lesquels des lignes téléphoniques dédiées seront mises à disposition », détaille la préfecture de police de Paris, qui précise qu’au total 12 000 policiers et militaires seront mobilisés sur l’agglomération parisienne, dont 5 000 spécifiquement pour la sécurisation du scrutin et à la garantie de l’ordre public.

A 20 heures, quand tomberont les premières estimations sur le vainqueur du scrutin, il s’agira de prévenir tout débordement lors des rassemblements, notamment à Paris. Au soir du premier tour, des heurts avaient éclaté sur la place de la Bastille et dans l’est de la capitale entre plusieurs centaines de militants antifascistes et des forces de l’ordre. « Afin d’écarter les éventuels fauteurs de trouble », la préfecture de police de Paris envisage d’ailleurs de prendre « des arrêtés d’interdiction de séjour », interdisant à des personnes ciblées de se rendre dans des lieux précis, comme cela avait été le cas lors des manifestations contre la loi travail.

La préfecture précise également que des effectifs de forces mobiles seront renforcés devant les différentes institutions, dans les transports en commun, et surtout devant les quartiers généraux de campagne des candidats et les sièges de leurs partis politiques.

Contrôles des entrées aux soirées électorales

Quid des lieux de rassemblement où les candidats ont prévu de fêter leur victoire ? Si l’éventualité d’une « fan zone » ouverte, à l’image de ce qui a été mis en place durant l’Euro 2016, a été évoquée dans la presse, le ministère de l’intérieur tient à faire une mise au point :

« L’idée est bien évidement de mettre en place un dispositif avec un certain nombre de points d’accès, de manière à filtrer au maximum les flux et détecter au mieux les comportements et individus suspects. Mais le terme “fan zone” n’est pas approprié pour caractériser le dispositif que les pouvoirs publics préparent avec les équipes des candidats. »

Dans tous les cas, le dispositif de sécurité devrait comprendre un filtrage à l’entrée mobilisant des physionomistes, une fouille de sac, des vidéosurveillances, et toute une logistique pour empêcher les attaques à la voiture bélier.

Si le candidat d’En marche ! a un temps envisagé de fêter son éventuelle victoire sur le Champ-de-Mars, il a finalement dû se raviser, et opter pour l’esplanade du Louvre, dans le centre de Paris. Pas question pour la Mairie de Paris de prendre le risque d’abîmer la pelouse au pied de la tour Eiffel : « Le Champ-de-Mars doit être visité le week-end suivant par les membres de la commission d’évaluation du CIO », en repérage dans le cadre de la candidature de Paris pour les Jeux olympiques de 2024, a expliqué Bruno Julliard, premier adjoint à l’hôtel de ville.

Selon des sources concordantes contactées par l’AFP, la place de la Concorde a été écartée par le candidat car c’est là que Nicolas Sarkozy a fêté sa victoire en 2007, tout comme Jacques Chirac en 1995. Quant à la place de la Bastille (où a été célébrée la victoire de François Hollande en 2012) et celle de la République, elles appartiennent davantage à l’histoire de la gauche. L’esplanade du Louvre est donc apparue « comme un lieu connoté ni trop à gauche ni trop à droite », fait savoir l’équipe d’En marche !

En revanche, l’entourage d’Emmanuel Macron a refusé d’en dire plus sur le dispositif de sécurité prévu, tout comme le Front national qui ne communique pas davantage sur le sujet. Si victoire de Marine Le Pen il y a, elle sera célébrée où se tient la soirée électorale, au Chalet du lac, à l’orée du Bois de Vincennes, au bord du lac de Saint-Mandé. Le soir de sa victoire en 2012, François Hollande avait rassemblé près de 100 000 personnes place de la Bastille.