Présidentielle 2017 : la victoire d’Emmanuel Macron en « une » de la presse française

Sans surprise, les journaux français reviennent dans leur édition du lundi 8 mai sur la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle. Au fil des éditoriaux se profilent le soulagement que l’extrême droit ait été battue, l’admiration pour le parcours d’un homme de 39 ans encore inconnu du grand public il y a quelques années, mais aussi l’exigence à l’encontre d’un président élu dans un pays divisé et avec le soutien d’électeurs résignés à faire barrage à Marine Le Pen.

« La France qui ose » salue en « une » Les Echos. « Avec Emmanuel Macron, élu très largement ce dimanche à 65,9 % des voix [les chiffres quasi définitifs du ministère de l’intérieur le créditent de 66,06 %], la France grondeuse a conjuré la fatalité populiste qui semblait gagner le monde occidental. Macron, ou l’anti-Trump », se félicite le quotidien économique.

Libération ne cache pas non plus sa satisfaction : « Bien joué », titre le journal de gauche. A l’opposé du portrait du nouveau président, la quatrième de couverture est barrée d’un « bien fait » adressé à Marine Le Pen. « Dans l’ultime bataille, la République l’emporte. Ebranlée, fissurée, bousculée par un parti de l’intolérance qui a réuni jusqu’à 42 % des intentions de vote durant la campagne, la France vient de signifier aux xénophobes – même s’ils restent forts, menaçants, actifs – qu’elle ne voulait pas d’eux. »

« A la fois très bien et très mal élu »

Plus sobre, Le Figaro évoque « La victoire en marchant » du nouveau locataire de l’Elysée. Et le quotidien conservateur nuance fortement l’ampleur du succès de l’ancien ministre de l’économie : « Ne nous y trompons pas : la France de Macron, cette France positive, dynamique, réformatrice, ouverte à l’Europe comme au vent du large existe bel et bien – et c’est heureux. Mais elle ne représente qu’un quart des Français. Deux autres quarts (les lepénistes et les mélenchonistes auxquels on pourrait ajouter les partisans de Hamon) sont radicalement hostiles aux valeurs qu’elle incarne. »

« Quoi qu’il arrive, Emmanuel Macron ne devra jamais oublier qu’il a été à la fois très bien et très mal élu », insiste La Croix. « Très bien car il a bénéficié d’un des scores les plus élevés de la Ve République. Très mal parce que de nombreux citoyens ont voté en sa faveur non par adhésion mais uniquement pour écarter la menace du Front national », détaille le journal catholique qui titre sur « une victoire large et fragile ».

« Socle d’adhésion plutôt faible »

Il n’y aura pas d’état de grâce si l’on en croit L’Humanité, qui assure qu’« un nouveau combat commence » contre un président élu « sans adhésion ». Dans son éditorial, le quotidien communiste explique qu’« Emmanuel Macron veut frapper vite parce qu’il est faible » et « les élections législatives sont donc une première étape importante pour lui mettre des bâtons dans les roues ».

L’Opinion estime a contrario que le « premier défi » du nouveau chef de l’Etat « sera de profiter de cet élan acquis dans les urnes (…) pour se construire de vraies fondations parlementaires et se doter d’une base partisane solide ». « Avec un socle d’adhésion plutôt faible encore pour soutenir ce destin exceptionnel, le président tout neuf doit continuer à élargir une majorité d’opinion », souligne, de son côté, La Nouvelle République du Centre-Ouest.

Comme le résume Le Journal de la Haute-Marne, « gagner la présidentielle, finalement, aura été le plus simple pour Emmanuel Macron. Pouvoir s’appuyer sur une Assemblée qui soutiendra sa politique sera beaucoup plus ardu, pour un ex-candidat qui se veut le champion du ni droite, ni gauche, mais aura besoin des deux pour gouverner… et de contenter chacun ».