Kim Jong-un, le dirigeant de la Corée du Nord, le 26 avril. | KCNA KCNA / REUTERS

Coïncidant avec l’exacerbation des tensions régionales marquées par la crainte d’un sixième essai nucléaire et plusieurs tirs de missiles par Pyongyang, la campagne pour la présidentielle sud-coréenne du mardi 9 mai aura, plus qu’à l’accoutumée, portait sur la question nord-coréenne. S’il est difficile d’affirmer que les positionnements des candidats joueront un rôle déterminant dans le choix d’électeurs plus préoccupés par des questions économiques et très remontés contre le camp conservateur en raison du scandale ayant abouti à la destitution en mars de la présidente Park Geun-hye, cela illustre la persistance de clivages forts entre partisans du dialogue et tenants d’une ligne dure.

Tout en restant favorable à l’alliance américano-sud-coréenne et au renforcement des moyens de défense – voire du système « Kill Chain » de frappes préventives –, le favori Moon Jae-in (Parti démocrate, opposition progressiste) souligne la nécessité de discuter avec le Nord et de mettre en place une « relation intercoréenne nouvelle ». Il romprait ainsi avec dix années de pouvoir conservateur, marquées par une politique de fermeté envers Pyongyang. De quoi passer pour un suppôt du régime de Pyongyang aux yeux de ses opposants. A l’inverse, le candidat du Parti de la liberté en Corée (conservateur), Hong Jun-pyo, défend le maintien de la ligne de fermeté. Il a d’ailleurs taxé M. Moon de « gauchiste pro-Corée du Nord ».

Eviter un nouvel essai nucléaire

Dans son programme, M. Hong plaide pour un renforcement des moyens de défense sud-coréens, notamment du « Kill Chain » et du système de protection aérienne et antimissile KAMD, et pour l’entrée en service de sous-marins à propulsion nucléaire. « Si je suis élu, a-t-il déclaré, je proposerai un sommet avec Donald Trump sur le porte-avions Carl Vinson. » Le navire américain et son escorte croisent actuellement au large de la péninsule coréenne afin de dissuader Pyongyang d’effectuer un nouvel essai nucléaire.

« Nous ne devrions jamais reconnaître la Corée du Nord comme puissance nucléaire », affirme de son côté le centriste Ahn Cheol-soo, principal rival de M. Moon et favorable au déploiement du système américain de défense antimissile THAAD. « Si le Nord s’apprête à lancer une attaque nucléaire contre nous, nous devons pouvoir frapper à l’avance la source potentielle de l’attaque », ajoute M. Ahn, qui veut porter les dépenses de défense de 2,6 à 3 % du PIB d’ici à la fin du mandat, en mettant l’accent sur la recherche. Il appelle aussi à la création d’un Centre de réponse à la Corée du Nord au sein du Conseil de sécurité nationale.

L’armée sud-coréenne totalise 650 000 soldats, principalement des appelés effectuant leur service obligatoire de deux ans, et peut compter sur l’appui de 28 000 militaires américains présents dans le pays. L’armée du Nord, certes équipée de matériel souvent jugé ancien, aligne 1,2 million d’hommes dont 150 000 dans les forces spéciales.