Conférence de presse de Christian Estrosi, à Nice, lundi 8 mai. | JEAN-PIERRE AMET / REUTERS

Lundi 8 mai, en début de soirée, Christian Estrosi a annoncé sa démission de la présidence de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). A la tête de cette collectivité depuis décembre 2015, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy veut redevenir maire de Nice, une fonction qu’il a occupée entre 2008 et 2016. Cette annonce a surpris jusque dans son camp mais la succession de M. Estrosi devrait s’organiser assez vite. Une réunion devait se tenir dans la matinée du mardi 9 mai entre élus régionaux de la majorité (LR/UDI). M. Estrosi devait rester conseiller régional et occuper une place au sein de l’exécutif en PACA.

Officiellement, M. Estrosi veut seulement reprendre les rênes de sa ville. « Je vais le dire de manière très claire : ma seule ambition c’est de servir ma ville et ma région, pas d’entrer au gouvernement », a-t-il déclaré, lundi 8 mai, à Nice. Son entourage explique qu’il y a pensé dès l’attentat du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, où il se serait promis de s’occuper à nouveau de cette ville dont il avait laissé le poste de maire à Philippe Pradal, tout en restant premier adjoint en charge de la sécurité.

Ambitions nationales

« Nous sommes à la fin d’un cycle politique avec l’élection de M. Macron, estime son directeur de cabinet, Anthony Borré. Il a fait le choix courageux de le soutenir. Il s’était promis que le Front national ne serait pas en tête dans sa région, ni à Nice. Tous ces objectifs sont remplis, il convient de faire le choix du cœur, celui de la ville de Nice. » Ce choix permet aussi à l’ancien ministre de montrer à son rival local, Eric Ciotti, président du conseil départemental, qu’il n’a pas l’intention d’abandonner son fief.

La date de cette annonce intrigue pourtant. Au lendemain du second tour de la présidentielle, Christian Estrosi se décharge-t-il de la région pour travailler avec le nouveau président, Emmanuel Macron ? Depuis plusieurs semaines, le président de la région PACA a fait entendre sa différence avec François Fillon tout en se rapprochant de M. Macron. En janvier, il a réclamé au candidat LR des mesures plus sociales. Au moment du rassemblement du Trocadéro, le 5 mars, il a plaidé pour son remplacement par Alain Juppé.

M. Estrosi a reçu dans son bureau régional le candidat du mouvement En marche !, le 1er avril, le lendemain d’un meeting de François Fillon où il s’était fait siffler à Toulon. A nouveau hué lors d’une réunion filloniste à Nice, le lundi 17 avril, le sarkozyste a été un des hommes de droite qui ont fait le plus activement campagne pour M. Macron dans l’entre-deux-tours. Son entourage assure qu’il a depuis été approché mais qu’il a refusé plusieurs postes au gouvernement. « Tel n’est pas le cas », dément M. Estrosi au journal La Provence, mardi 9 mai.

Les ambitions nationales de l’ancien ministre sont pourtant réelles. Déchargé de la région et de ces incessants allers-retours à Marseille, ville qu’il apprécie peu, il espère trouver une place dans la recomposition politique actuelle. « On est aujourd’hui dans un débat national majeur où il va, il doit, y avoir inéluctablement une rénovation de la vie politique, estime-t-il également dans La Provence. Je préfère y prendre toute ma part avec une responsabilité moins lourde que mes fonctions actuelles. Cela me donne une indépendance plus forte pour mener ce combat de la reconstruction. »

Selon plusieurs sources, il fait le pari que la droite va se scinder en deux et compte tenir un rôle important au sein de l’aile qui pourrait, après les législatives, être appelée à travailler avec le nouvel exécutif. Christian Estrosi aimerait que cette clarification arrive tôt, pour rompre définitivement avec l’aile la plus droitière de son camp. « On a dénaturé l’esprit de notre grande formation populaire de droite en confiant les rênes de la campagne à Sens commun, confiait-il au Monde quelques jours avant le premier tour. J’ai fait beaucoup de sacrifices, je suis maintenant un homme libre. »

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