« Je viens de me faire renverser volontairement par un automobiliste impatient qui me suivait sur la route ! Heureusement je vais bien. Le vélo est foutu. Le conducteur a filé ! »

En 140 signes, mardi 9 mai au matin, envoyés avec son téléphone de la commune de Beausoleil, frontalière de la principauté de Monaco, Christopher Froome a ajouté une pièce au dossier du conflit entre cyclistes et automobilistes.

Le coureur de l’équipe Sky réside à Monaco, comme beaucoup d’autres cyclistes professionnels qui prisent le régime fiscal, la localisation, le soleil, la proximité de l’aéroport international de Nice et les routes d’entraînement dans l’arrière-pays varois.

Problème sur la côte méditerranéenne

Il y a toutefois un problème sur la côte méditerranéenne française jugent beaucoup de coureurs : le comportement des automobilistes. Dans les années 1970, tout le peloton y passait la fin de l’hiver, alternant stages et petites courses. Puis, un jour, comme le racontait l’ancien champion Cyrille Guimard au Monde l’an passé : « On a arrêté de venir pour des raisons de sécurité. Même les coureurs ne voulaient plus prendre de risques, compte tenu du comportement des automobilistes dans le coin. »

Dorénavant, les équipes préfèrent le pays valencien et l’Andalousie, où ils subissent, paraît-il, moins de coups de klaxon d’automobilistes excédés par ces groupes de cyclistes parfois difficiles à doubler.

Le peloton professionnel a dernièrement vécu dans sa chair plusieurs exemples de la difficulté de partager la route. Le 22 avril, l’Italien Michele Scarponi, 37 ans, a trouvé la mort à l’entraînement, percuté par un camion.

Deux jours plus tard, le coureur français Yoann Offredo publiait des photos de lui le visage sanguinolent, expliquant avoir été agressé par un automobiliste lors d’une sortie à vélo entre amis en Ile-de-France. Une version contestée par l’agresseur présumé.

Climat tendu entre cyclistes et automobilistes

Quelle que soit l’interprétation de l’altercation, l’épisode a confirmé l’existence d’un climat tendu entre propriétaires de deux-roues et de quatre-roues. Ses manifestations peuvent aller de la simple remarque aux coups et blessures, en passant par l’insulte ou les queues de poisson.

Sur les réseaux sociaux, les vidéos d’altercation filmées par des cyclistes munis d’une caméra embarquée se propagent de façon virale.

Selon la Sécurité routière, 150 cyclistes meurent chaque année dans des accidents de la route. Quelque 5000 sont blessés. Une campagne de sensibilisation a été lancée en 2015 par la Fédération française de cyclisme, avec des clips vidéo impliquant plusieurs professionnels français et diffusés pendant le Tour de France.

Sécurité routière - Arnaud DEMARE
Durée : 00:34