LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu cette semaine : « The Last Kingdom », drame historique sur le royaume d’Angleterre, et deux séries qui explorent l’Amérique raciste : « Dear White People » et « Underground ».

« Dear White People », satire mordante sur le racisme

Dear White People - Saison 1 – Bande Annonce VOSTFR – 2017

Avec Dear White People, Justin Simien explore les aspirations et frustrations (voire les fureurs) de jeunes Américains noirs d’aujourd’hui, dont on suit le quotidien au sein d’une université prestigieuse. Chacun portant un regard différent sur la stratégie à imaginer pour mieux s’intégrer dans la société : combattre, ignorer ou contourner les « dear white people » ?

Dès le départ, Justin Simien savait que sa comédie douce-amère virerait à l’aigre du réel à mi-saison, et qu’il confierait la réalisation de cet épisode du milieu à Barry Jenkins, qui avait déjà tourné Moonlight, mais pas encore reçu l’Oscar du meilleur film.

Cet épisode – le « chapitre V », comme le dénomme Justin Simien – s’ouvre sur une citation de l’écrivain américain James Baldwin : « On ne peut changer tout ce à quoi on est confronté, mais rien ne peut changer avant que l’on s’y confronte. » La dernière image de l’épisode révèle toute la puissance de cette assertion. Martine Delahaye

Dear White People, saison 1, série créée par Justin Simien. Avec Logan Browning, Brandon P. Bell (EU, 10 × 30 min, 2017). Les dix épisodes sont disponibles sur Netflix.

« The Last Kingdom », déchirements saxons

The Saxons and Danes arrive - The Last Kingdom: Episode 1 Preview - BBC Two

Cette série attirera plus particulièrement ceux qui suivent la série Vikings, quitte à ce qu’ils regrettent un certain manque de souffle dans The Last Kingdom, compensé, en revanche, par le soin apporté à décrire les us et mœurs politiques qui ont porté l’Angleterre sur les fonts baptismaux.

Alors que le IXe siècle s’étire vers sa fin, le sol de cette grande île appartient encore à plusieurs royaumes, régulièrement attaqués par les Scandinaves. Très loin de Game of Thrones, la série s’attache aux dilemmes du jeune Saxon Uhtred de Bebbanburg, kidnappé et élevé en terre danoise comme un Viking, au point de devenir l’un d’entre eux. Jusqu’à ce qu’il décide de partir reprendre son domaine de Bebbanburg, en Angleterre. D’où un écartèlement moral perpétuel entre ses racines anglaises, d’une part, et son éducation, sa religion et son appartenance scandinave, d’autre part, ce qui ne peut manquer de faire écho jusqu’à aujourd’hui. La deuxième saison de cette série vient tout juste d’être diffusée par la BBC en Angleterre. M. De

The Last Kingdom, saison 1, série créée par Stephen Butchard. Avec Alexander Dreymon, Tobias Santelmann (GB, 2015, 8 x 60 min). Sur Numéro 23 à partir du mercredi 17 mai à 20 h 55.

« Underground », dans la servitude des champs de coton

Underground - Trailer

Après les miniséries ­canadienne The Book of Negroes (2015), de Clement Virgo, et américaine Roots (« Racines »), de ­Mario Van Peebles (le remake d’une première mouture qui, en 1977, avait été très suivie aux Etats-Unis), voici Underground. Cette série de dix épisodes, créée par Misha Green et Joe Pokaski et coproduite par le musicien et acteur américain John Legend, revisite l’histoire de la terrible et honteuse période de l’esclavagisme dans les Etats du Sud nord-américain.

On regrettera la bande sonore, une consternante soupe “pop” pour l’essentiel, mais on saluera l’assez parfaite alliance d’un propos historique, qui ménage le portrait crédible de personnages détestables ou attachants, avec une action trépidante. Underground tient en haleine jusqu’à sa conclusion – à la fois heureuse et terrible –, qui promet un développement narratif pour une deuxième saison (en cours de diffusion aux Etats-Unis, sur la chaîne câblée WGN America). Renaud Machart

Underground, série créée par Misha Green et Joe Pokaski. Avec Jurnee Smollett-Bell, Aldis Hodge, Jessica De Gouw, Alano Miller… (EU, 2016, 10 × 50 min).