C’est un séisme aux conséquences inattendues qui s’apprête à secouer le Front national (FN). Selon nos informations, confirmant celles du Figaro, la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen doit annoncer, mercredi 10 mai, son retrait de la vie politique. Elle ne sera pas candidate à sa succession aux élections législatives des 11 et 18 juin, et doit par ailleurs quitter son mandat au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), où elle préside le groupe du parti d’extrême droite.

La députée de 27 ans a annoncé la nouvelle lundi et mardi à plusieurs responsables frontistes. « Cela faisait un moment qu’elle m’en parlait, ça me fait beaucoup de peine. Mais si elle veut le faire, c’est maintenant », explique un élu du sud de la France. Sa tante Marine Le Pen a été informée de cette décision avant qu’elle ne fuite dans la presse. Sollicitée par Le Monde, la présidente du Front national n’a pas réagi dans l’immédiat.

Motifs personnels

Mme Maréchal-Le Pen n’a jamais fait mystère de sa volonté de quitter momentanément la vie politique, dans laquelle elle s’est retrouvée embarquée avec plus ou moins d’envie par son grand-père Jean-Marie Le Pen, en 2012, qui l’a parachutée dans la circonscription de Carpentras. « Elle était obligée d’y aller. Mais elle est douée pour ça, elle y a pris goût », reconnaît-on dans son entourage.

« J’ai toujours dit que je ne ferai pas que de la politique, déclarait encore la jeune femme, le 30 mars, sur Paris Première. Le tout est maintenant de le faire au bon moment, je ne souhaite pas nuire au combat du parti qui est le mien. Or, je sais que toute démarche de ma part sera immédiatement analysée, perçue, comme une guerre avec Marine. Je le ferai en temps voulu. »

Des motifs personnels motivent ce retrait – un divorce à gérer et une jeune fille de moins de 3 ans à élever. Mais aussi une forme de déception vis-à-vis de l’engagement public, qui manque parfois d’intérêt sur le plan des idées selon elle.

De nombreux frontistes voient pourtant en elle l’avenir du parti d’extrême droite. En particulier depuis l’échec de sa tante au second tour de l’élection présidentielle, dimanche, face à Emmanuel Macron.

« Servir la France »

« Marion a encore l’âge de découvrir la société civile, d’étoffer son positionnement par une expérience professionnelle pour l’après. La formation dans le secteur privé est un plus pour servir la France, assure un de ses proches. Elle a déjà démontré que son but, c’est de servir au mieux ses compatriotes. Elle a une image que n’ont pas d’autres pour pouvoir rassembler. » Comprendre : contrairement à Marine Le Pen.

Un autre proche de la députée souligne une dégradation de ses relations personnelles avec sa tante ces derniers mois. La présidente du FN avait assuré pendant la campagne présidentielle qu’elle ne prendrait pas sa nièce dans son gouvernement en cas de victoire, car trop « raide » et inexpérimentée. Mais aussi pour ne pas instruire de procès en népotisme. La jeune femme, de son côté, se montre peu désireuse d’entrer dans des jeux d’appareil contre le vice-président du FN, Florian Philippot, présenté comme son rival en interne.

Dès dimanche soir, quelques minutes après la défaite sévère de sa tante, Mme Maréchal-Le Pen avait prévenu à la télévision : « Je rejette fermement toute tentative médiatique qui voudrait me jeter contre Marine Le Pen dans les jours à venir. » Difficile, pourtant, de ne pas y voir un signe de défiance.