Il lui est reproché à James Comey sa gestion de l’affaire des mails d’Hillary Clinton, qu’il a commentée publiquement durant la campagne électorale, contrairement à l’usage au FBI mais à la grande satisfaction, à l’époque, du candidat républicain. | KEVIN LAMARQUE / REUTERS

Donald Trump tentait mercredi 10 mai de contenir la tempête provoquée par le limogeage du patron du FBI, James Comey, l’opposition démocrate réclamant la nomination d’un procureur spécial pour enquêter sur le rôle de la Russie dans la campagne de 2016. « Il ne faisait pas du bon travail, c’est très simple, il ne faisait pas du bon travail », a justifié Donald Trump, interrogé brièvement dans le bureau Ovale par la presse mercredi matin.

Cette déclaration a fait suite à la visite du ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, à la Maison Blanche, où il a rencontré son homologue américain, Rex Tillerson, et M. Trump, dans un climat politique explosif. « Le président Trump a clairement dit son intérêt à mettre en place des relations de travail pragmatiques et mutuellement bénéfiques » avec la Russie, a déclaré ensuite M. Lavrov.

Il est reproché à James Comey sa gestion de l’affaire des e-mails de Hillary Clinton, qu’il a commentée publiquement durant la campagne électorale, contrairement à l’usage au FBI mais à la grande satisfaction, à l’époque, du candidat républicain.

« Si l’administration avait de réelles objections à la façon dont le directeur Comey a géré l’enquête Clinton, elles auraient existé dès la prise de fonctions du président », a accusé Chuck Schumer, chef de l’opposition démocrate au Sénat, qui soupçonne le pouvoir de vouloir entraver les investigations.

Notre correspondant à Washington, Gilles Paris, est au point presse quotidien de la Maison Blanche.

Une enquête sur l’influence russe

En mars, lors d’une audition au Congrès, M. Comey avait confirmé l’existence d’une enquête sur une éventuelle « coordination » entre des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump et Moscou.

Selon le New York Times, en outre, M. Comey avait réclamé la semaine dernière au ministère de la justice des moyens supplémentaires pour renforcer l’enquête de ses agents sur les liens entre M. Trump et le gouvernement russe.

Toute l’opposition réclame aujourd’hui la nomination d’un procureur spécial, plus indépendant du pouvoir que les procureurs existants, pour superviser l’enquête sur l’ingérence russe. Cette décision dépend a priori du numéro deux de la justice, Rod Rosenstein, le ministre Jeff Sessions s’étant récusé dans cette affaire.

Les questions ne viennent pas seulement des rangs des démocrates. Plusieurs ténors républicains ont exprimé leur embarras, voire leur incrédulité. « Lorsque vous virez l’un des personnages les plus respectés de l’Amérique, vous avez intérêt à avoir une très bonne explication, et jusqu’ici, je ne l’ai pas entendue », a lancé mercredi le sénateur John McCain sur CNN.

Un calendrier qui inquiète

Le chef de la puissante commission du renseignement du Sénat, Richard Burr, qui mène sa propre enquête parlementaire, s’est déclaré « troublé » par le calendrier et les raisons avancées pour ce limogeage.

Beaucoup de membres de la majorité, dont le chef du Sénat, soutiennent la décision présidentielle. Mais un nombre croissant d’entre eux craint que ces événements n’érodent la confiance des Américains dans l’intégrité du système judiciaire.

« Notre pays se trouve évidemment dans une période très volatile, sensible et fragile », a expliqué le sénateur républicain Tim Scott. « Il va falloir qu’on aille au fond des choses, rapidement. »

Dans une série de tweets matinaux, Donald Trump avait justifié ainsi sa décision: « Comey a perdu la confiance de pratiquement tout le monde à Washington, républicains comme démocrates. Quand les choses se calmeront, ils me remercieront. »

« James Comey sera remplacé par quelqu’un qui fera beaucoup mieux et qui restaurera l’esprit et le prestige du FBI », a-t-il ajouté, renvoyant sur son compte Twitter à un article listant « les dix plus gros scandales du FBI sous la direction de Comey ».

Parmi les personnes citées dans la presse américaine pour succéder à M. Comey figurent l’ex-maire de New York Rudy Giuliani, le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, ou encore l’amiral Mike Rogers, directeur de la NSA, le service d’écoute et d’espionnage des Etats-Unis.