Jean-Luc Mélenchon, lors de son meeting sur le Vieux Port, à Marseille, le 9 avril. | JEAN-PAUL PELISSIER/REUTERS

Jean-Luc Mélenchon devrait être candidat aux législatives à Marseille dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône. Le chef de file de La France insoumise, qui, mercredi 10 mai au matin sur l’antenne de RMC-BFM-TV, a estimé qu’il serait « probablement » candidat à Marseille, a confirmé son choix dans la journée dans une lettre adressée aux « insoumises et insoumis » marseillais, que Le Monde a pu consulter.

« Je suis disposé à prendre la tête de notre mobilisation pour les élections législatives à Marseille », écrit le leader de La France insoumise, avant de préciser son point de chute : « Je compte me proposer dans la 4e circonscription, ce dont je me suis déjà entretenu avec les animateurs locaux. Mais j’ai besoin pour mener ce combat de l’appui de tous et de toutes dans toute la ville. » M. Mélenchon s’en remet également au soutien des différents comités locaux qui doivent se réunir en assemblée générale, mercredi 10 mai, dans certains quartiers de la ville.

L’hypothèse d’une candidature marseillaise de Jean-Luc Mélenchon enflait depuis le premier tour de la présidentielle, où, à la surprise générale, il est arrivé en tête sur l’ensemble de la ville avec 90 847 voix et près de 25 % des suffrages. Depuis deux semaines, les échanges entre les acteurs locaux de La France insoumise et l’état-major parisien se sont multipliés, ciblant quatre circonscriptions, très différentes par leurs spécificités sociologiques et leur situation politique. Les 4e, 5e et 7e, où M. Mélenchon a largement devancé Marine Le Pen le 23 avril, et la 3e circonscription, dans les quartiers nord, symbolique car prioritaire pour le Front national dans la foulée de la victoire de Stéphane Ravier à la mairie de secteur.

Quartiers populaires de l’hypercentre

Beaucoup de voix autour de M. Mélenchon plaidaient pour le choix de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, où il est arrivé en tête avec 39,09 % des voix, l’un de ses plus importants scores nationaux de la présidentielle. Très loin devant Emmanuel Macron (21,81 %) et Marine Le Pen, reléguée sous la barre des 15 % dans ces quartiers où les populations d’origine immigrée sont nombreuses.

La 4e regroupe les quartiers populaires de l’hypercentre de Marseille, soit trois arrondissements parmi les plus pauvres de France, et quelques zones plus aisées des 5e et 6e arrondissements. Elle englobe aussi le Vieux-Port où M. Mélenchon a réuni 70 000 personnes lors de son meeting présidentiel. Les loyers bas de ces quartiers attirent également bon nombre de jeunes couples urbains, d’acteurs du monde de la culture marseillais et des lieux de vie nocturne.

S’il confirme son choix, jeudi, lors de sa visite à Marseille, Jean-Luc Mélenchon devra toutefois mener une rude bataille pour s’imposer. Et battre le député sortant socialiste Patrick Mennucci. Un homme qu’il a connu au PS et qu’il appelle encore « ami » dans les textos que les deux hommes échangent depuis quelques jours. Une figure locale, qui même si elle a perdu, en 2014, la bataille municipale et sa propre mairie de secteur, garde des réseaux efficaces.

« Si Jean-Luc Mélenchon vient m’affronter, c’est une recherche de combat à gauche que je ne comprends pas », a déclaré Patrick Mennucci

Avant la rumeur Mélenchon, la réélection de M. Mennucci semblait d’ailleurs acquise pour la plupart des observateurs locaux. « Quelle est la logique politique de venir dans la circonscription d’un député de gauche qui a fait son boulot, a été d’une loyauté absolue à son candidat, a défendu l’amnistie des syndicalistes ?, s’étonne le sortant, qui lançait sa campagne mercredi 10 mai. Si Jean-Luc Mélenchon vient m’affronter, c’est une recherche de combat à gauche que je ne comprends pas. »

Une incompréhension partagée par d’autres et notamment Gérald Souchet, 43 ans, investi par La France Insoumise pour les législatives. Ce professeur de sciences économiques et sociales a été un des animateurs de Nuit debout à Marseille et l’un des plus virulents artisans de la campagne présidentielle.

« J’ai dit à Jean-Luc Mélenchon qu’une candidature dans cette circonscription serait une très mauvaise idée, expliquait-il mercredi matin. Il faut prendre en compte la réalité marseillaise. Le FN n’est pas fort ici et symboliquement, il n’a rien à gagner à battre un socialiste. Je pensais qu’il se présenterait dans la 3e où il y a un vrai défi avec le Front national. Mais son équipe est traumatisée par l’échec de 2012 à Hénin-Beaumont. » Face à M. Mélenchon devrait également se dresser une candidature En marche ! et un candidat du Parti communiste.

« Symboliquement, cela sera tellement fort de voir Jean-Luc ici », estime de son côté la Marseillaise Sarah Soihili, porte-parole nationale de La France insoumise et désignée, elle, pour partir dans la 3e circonscription. « Au-delà d’une circonscription, c’est toute une ville qui a besoin de lui. Il y a un élan d’espoir à faire perdurer à Marseille. Et des politiciens à l’ancienne dont il serait bon de se débarrasser. »