Si l’ensemble de la presse américaine critique  James Comey, peu de titres croient aux arguments de la Maison Blanche pour son renvoi. | ZACH GIBSON/ GIBSON / AFP

Depuis plusieurs mois, CNN compte dans ses rangs un opposant bruyant à Donald Trump. Mardi 9 mai, suite à l’annonce du renvoi de James Comey, le directeur du FBI, le présentateur Jake Tapper, visiblement agacé à l’antenne, a une nouvelle fois fait part de sa défiance vis-à-vis du président américain, pourtant « connu pour sa propension à choquer », dit-il.

Si l’explication officielle au renvoi de M. Comey, avancée par Rod Rosenstein, le vice-ministre de la justice, concerne la gestion du dossier des emails d’Hillary Clinton, le journaliste de CNN considère que « le président Trump ne partage aucune des préoccupations de Rosenstein » sur ce sujet : à ses yeux, la seule chose que le milliardaire reproche à M. Comey est de ne pas avoir poursuivi l’ancienne secrétaire d’Etat.

Pour Jake Tapper, il ne fait aucun doute que c’est l’enquête menée par le Bureau sur les liens éventuels entre le camp Trump et la Russie qui explique ce limogeage. « Un grotesque abus de pouvoir », dénonce sur la même chaîne Jeffrey Toobin, un spécialiste des question légales. « C’est le genre de choses que l’on observe dans des non-démocraties », se lamente-t-il.

Frustration de la Maison Blanche

Le Wall Street Journal croit savoir de son côté que la « frustration » grandissait dans le clan Trump alors que même sous la pression de l’administration, le FBI s’entêtait à enquêter sur la Russie plutôt que sur les fuites sur l’affaire dans la presse.

Selon le quotidien, la Maison Blanche voulait entendre dans la bouche de M. Comey les mots « il n’y a aucun lien » pour mettre un terme à la controverse. Le journal new-yorkais sous-entend également que le président américain en aurait eu assez de la médiatisation de M. Comey.

Peu de médias semblent toutefois regretter le départ du patron du FBI, accusé par le clan Clinton d’avoir contribué à l’élection du candidat républicain en annonçant une nouvelle enquête sur les emails de la démocrate.

Le Los Angeles Times parle de la « chute soudaine d’un directeur considéré un temps intouchable ». Le site Politico.com évoque l’« isolement politique » d’un homme qui « a appris la différence entre être indépendant et être en péril » . Le directeur du FBI a « découvert cette semaine qu’il se retrouvait à court de temps et d’amis », ajoute le site.

Comey critiqué par les libéraux et les conservateurs

Le New York Post, un quotidien conservateur, s’en prend lui aussi à l’ex-directeur du FBI, défendant la décision du président. « Comey portait sa droiture en bandoulière, sûr qu’il était trop important pour être viré. Cela a été son erreur fatale », peut-on lire dans un éditorial.

Le départ de James Comey est aussi plébiscité par Sean Hannity, l’une des stars de Fox News et l’un des plus fidèles soutiens de Donald Trump. « Enfin », se réjouit-il sur Twitter.

Dans un éditorial, le New York Times s’inquiète de la suite de l’enquête et comme nombre d’autres titres n’acceptent pas l’idée d’un limogeage lié à l’affaire Clinton. « M. Comey a été limogé parce qu’il menait une enquête qui pourrait faire tomber un président », assure le journal.

Le parallèle avec le Watergate et Richard Nixon, qui avait lui aussi renvoyé un officiel enquêtant sur son cas, est également établi par plusieurs médias. « Donald Trump se sert du mode d’emploi de Nixon », écrit Politico.com. Le Washington Post a un autre conclusion : et si le renvoi de Comey n’était pas « nixonien » mais tout simplement « trumpien »