Sigle de Volkswagen. | Michaela Rehle / REUTERS

On ne saura finalement pas grand-chose des détails de l’affaire Volkswagen (VW). Le président du conseil de surveillance du groupe de Wolfsburg, Hans Dieter Pötsch, a annoncé officiellement aux actionnaires, mercredi 10 mai, que l’enquête interne menée depuis un an et demi sur les causes du scandale des moteurs diesel manipulés ne livrerait pas ses secrets. Le groupe avait chargé, en septembre 2015, le cabinet d’avocats Jones Day de procéder aux investigations.

« Il n’y a pas, et il n’y aura pas de rapport final de Jones Day, » a déclaré M. Pötsch aux actionnaires rassemblés à Hanovre. Le groupe ne dévoilera finalement pas plus d’informations que celles contenues dans le « Statement of Facts », publié en début d’année par VW en coopération avec le ministère de la justice américain dans le cadre de l’accord passé pour mettre fin aux poursuites judiciaires. Ce document, disponible sur Internet (en anglais), donne les grandes lignes de l’affaire. « Toute autre décision serait démesurément risquée, a martelé M. Pötsch. Le directoire et le conseil de surveillance doivent tout faire pour éviter à l’entreprise d’autres dommages. » Les suites du « dieselgate » ont jusqu’ici coûté à l’entreprise la somme de 22,4 milliards d’euros.

Promesse réitérée

Reste que ce manque de transparence va nuire à la réputation du constructeur. Depuis un an et demi, chaque conférence de presse ou d’actionnaires a donné lieu à la promesse réitérée et toujours repoussée que le groupe ferait toute la lumière sur le dieselgate. On saurait enfin qui savait, qui a ordonné ou toléré la manipulation de onze millions de moteurs diesel pour échapper aux contrôles antipollution. A chaque fois, une liste à la Prévert devait faire comprendre l’ampleur de la tâche à l’observateur impatient : 600 interviews, 100 millions de documents, plusieurs téraoctet de données… dont les secrets resteront finalement enfermés dans les classeurs d’un bureau de la gigantesque usine de Wolfsburg.

Pour beaucoup d’actionnaires, la décision de la direction est perçue comme une provocation. « Que les résultats de l’enquête soient encore sous clé laisse penser qu’ils ne plaisent pas à VW, » a lancé le gestionnaire de Deka Investments, le fonds d’investissement des caisses d’épargne allemandes. « Votre référence au “Statement of Facts” [du ministère de la justice américain] est insuffisante sur le fond et quasiment insultante », a lancé un autre représentant d’actionnaires. Le sujet a occupé une grande partie des prises de parole de l’assemblée générale, mais les actionnaires n’ont pas eu gain de cause. Pour les adoucir, le groupe leur a annoncé le versement d’un dividende exceptionnel de 2 euros par action, contre 11 centimes l’an dernier.

Les dirigeants du groupe se préparent toutefois à d’autres nuits blanches. Mercredi, l’hebdomadaire économique Wirtschaftswoche a révélé que le parquet de Stuttgart enquêtait contre le PDG du groupe, Matthias Müller, le président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch, ainsi que contre l’ancien PDG, Martin Winterkorn, dans l’affaire des moteurs manipulés. Selon le journal, l’enquête a été lancée à la suite d’une plainte de l’autorité de surveillance des marchés financiers Bafin à l’été 2016, pour « soupçon de manipulation du marché ». La procédure vient s’ajouter à la longue liste de poursuites liées à l’affaire : Volkswagen fait actuellement l’objet de 40 enquêtes émanant de l’administration et de 3 550 plaintes de propriétaires mécontents.