L’appel à manifestation d’intérêt lancé par le géant énergétique algérien Sonatrach en février 2017 a de quoi faire saliver : 8 milliards de dollars (7,34 milliards d’euros) pour six complexes pétrochimiques. De fait, 53 entreprises de 17 nationalités se sont bousculées. En ces temps de disette, marqués par la chute des prix du pétrole dès juin 2014, les projets de cette envergure, émanant d’une entreprise solvable, ne courent pas les rues. Et pourtant, ce sont les partenaires français de Sonatrach qui manquent à l’appel. Une première depuis l’indépendance de l’Algérie.

L’investissement consiste en la construction clé en main de l’usine d’hydrocraquage du fuel-oil et des excédents de naphta de la raffinerie de Skikda, celle de production du Methyl Tert-Butyl Ether à Arzew ainsi que des raffineries de Hassi Messaoud, Tiaret, entre autres.

Parmi les offres reçues à Alger, entre autres, on compte dix-sept entreprises chinoises, six sud-coréennes, cinq turques et autant d’espagnoles, trois algériennes, italiennes et émiraties, des américaines, russes, japonaises, britannique et même zambienne. Parmi elles, de grands groupes à l’instar de JGC et Itochu (Japon), SINOPEC, CPECC et CSCEC (Chine), les filiales italiennes d’ABB et ou d’Amec Foster Wheeler, Hyundaï et Daewoo (Corée du Sud), KBR UK, la filiale britannique du mastodonte américain Haliburton, ou les émiraties Petrofac International et Dodsal Engineering. Parmi les entreprises algériennes, il convient de noter KOU.G.C., appartenant à la famille Kouninef.

Les déboires de Technip en Algérie

De fait, les entreprises françaises, d’habitude les plus promptes à soumissionner pour ce genre de projets en Algérie, se sont abstenues, à la grande surprise des proches du dossier, à Alger. Et notamment le champion français de l’industrie parapétrolière, Technip, qui a une longue expérience en Algérie mais est engagé dans une procédure d’arbitrage avec Sonatrach.

En juin 2015, cette dernière a résilié le contrat de Technip portant sur la rénovation de la raffinerie d’Alger et a lancé une procédure d’arbitrage contre l’entreprise française pour réclamer des pénalités de retard. Le contrat, signé en 2010 pour une durée de réalisation de deux ans, a connu énormément de retard justement, poussant Sonatrach à le résilier et à confier le reste des travaux aux Chinois de CPECC pour un montant de 45 milliards de dinars algériens (environ 350 millions d’euros). A l’époque, l’entreprise française, qui a subi de plein fouet la dégringolade des prix du pétrole et la diète forcée des investisseurs dans le secteur pétro-gazier, faisait face à des difficultés financières qui l’ont contrainte d’abord à dégraisser ses effectifs en France et ensuite à fusionner avec l’Américain FMC en 2016.

Parmi les soumissionnaires, il y a pourtant des entreprises qui se sont engagées par le passé dans pareilles procédures avec Sonatrach comme l’égyptienne Orascom, laquelle n’a pas hésité manifester son intérêt pour la réalisation des nouvelles usines.

Technip, devenue TechnipFMC au début 2017, n’a pas voulu répondre à nos questions. Christophe Bélorgeot, chargé de la communication, s’est contenté d’un SMS laconique : « Nous ne commentons pas les appels d’offres en cours ».