Lyon est éliminé en demi-finale de Ligue Europa : Lacazette ne veut pas voir ça. | JEFF PACHOUD / AFP

Sur le papier, il a manqué un but à l’Olympique lyonnais, battu à l’aller 4-1, pour arracher les prolongations en demi-finale de Ligue Europa face à l’Ajax Amsterdam. En réalité et malgré les apparences, il a manqué tellement de choses que cela aurait été un miracle de voir Lyon, vainqueur 3-1 jeudi 11 mai au soir, se qualifier pour sa première finale européenne.

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Fébriles, brouillons, poussifs : les joueurs lyonnais ont malgré tout failli réussir une improbable « remontadajax » – comme l’avait nommé avant la rencontre le président Jean-Michel Aulas – grâce à une indéniable bonne volonté. Mené sur un but du Danois Kasper Dolberg, l’OL a finalement viré en tête à la pause de manière complètement illogique grâce à un doublé d’Alexandre Lacazette. Puis, un but contre son camp d’un Néerlandais, sur un coup de tête de Rachid Ghezzal, a fait chavirer le Parc OL dans l’espoir.

Un espoir de dix minutes environ qui s’est heurté à la maladresse de Nabil Fekir sur coup franc et à celle de Maxwell Cornet en fin de rencontre. La jeune garde de l’Ajax, qui l’a largement mérité sur l’ensemble des deux rencontres, disputera la finale contre Manchester United, le 24 mai prochain. La Ligue Europa ne pourra plus servir de cache-misère aux ambitions de l’OL, bien mises à mal cette saison.

Première saison complète au Parc OL

Quatrième du championnat de France, non qualifié pour la Ligue des champions, éliminé de manière précoce en Coupe de la Ligue (la finale se déroulait en plus au Parc OL) et en Coupe de France, le club rhodanien a vécu une première saison complète très compliquée dans son nouveau stade inauguré en janvier 2016. Jean-Michel Aulas espérait certainement un meilleur début à cet écrin qu’il a tant souhaité et dont l’OL est propriétaire, une première en Ligue 1.

Hier soir, les Lyonnais ont encore affiché toutes leurs lacunes. Coupés en deux, ils n’ont pas réussi à animer la tactique choisie par leur entraîneur Bruno Génésio, le 4-2-3-1. Le capitaine Maxime Gonalons, auteur de déclaration maladroite sur les ambitions à la baisse de son club avant le match, a été une nouvelle fois en grande difficulté. Nabil Fekir, flamboyant avant une grave blessure au genou en 2015, n’est plus que l’ombre de lui-même. À l’image de son coéquipier Christophe Jallet à Amsterdam, l’autre latéral droit Rafael a été longtemps dépassé.

Malgré ses deux buts, dont un penalty, Lacazette n’a pas pesé autant qu’il l’aurait souhaité. Il n’est pas parvenu à imiter son glorieux prédécesseur Sonny Anderson, auteur d’un triplé en 2001 contre Bruges, triplé qui qualifiait Lyon malgré une défaite 4-1 à l’aller. Que dire des choix de Bruno Génésio qui a attendu la 70e minute de jeu pour enfin faire deux changements. Les entrées en jeu de Maciej Rybus, à la place du latéral gauche Jérémy Morel, et de Rachid Ghezzal à la place de Mathieu Valbuena, pourtant plutôt convaincant, n’ont pas suffi même si le Polonais a centré pour l’Algérien sur le troisième but.

Avant la rencontre, l’entraîneur lyonnais, nommé à la surprise générale à ce poste le 24 décembre 2015, déclarait : « Ce match n’est pas un challenge personnel pour sauver [la] saison. » Comment ne pas penser que l’ancien milieu de terrain a montré une nouvelle fois toutes ses limites et son impuissance ? Critiqué par une grande majorité de supporteurs, à qui on demande trop souvent d’encourager en abandonnant tout sens critique, Bruno Génésio a intérêt à avoir les épaules solides dans les prochains jours.

A-t-il seulement conscience des lacunes de son équipe ? Ses premières déclarations en zone mixte sont à ce titre déstabilisantes. « Il y a beaucoup de frustration ce soir mais on ne peut rien reprocher aux joueurs. Il faudra digérer cette déception pour les joueurs mais ils ont tout donné sur la rencontre et on peut donc être fier d’eux. Nous avons encore des objectifs en championnat et notamment battre notre nombre de points de la saison passée et prendre des points aussi pour assurer définitivement la 4e place », a déclaré le coach.

Bruno Génésio n’a pas réussi à mener son équipe en finale européenne. | Laurent Cipriani / AP

Pourtant, Bruno Génésio, qui avant son entrée en fonction n’avait été au haut niveau qu’adjoint à l’OL, à l’exception d’une courte expérience de numéro 1 à Besançon en National, ne peut pas endosser toutes les responsabilités. À de rares exceptions près, les joueurs ont été loin de confirmer toutes leurs promesses et leur potentiel. La gestion présidentielle de Jean-Michel Aulas n’est également pas exempte de tout reproche

Contre-feu

Après la rencontre, comme à son habitude, il a usé de la méthode Coué : « C’est une immense désillusion, les gars ont fait un match colossal. Je veux tirer un grand coup de chapeau aux joueurs et au staff. On aurait mérité d’aller en prolongation. On ne sera pas en Ligue des champions la saison prochaine, mais on sera en Europa League et ce sera notre 21e qualification européenne. »

Réticent à aller chercher des entraîneurs de caractère, qui pourraient empiéter sur son pouvoir, le président lyonnais se trouve à la croisée des chemins. En fin de saison, deux joueurs clés, très courtisés à l’étranger, devraient quitter le club : Alexandre Lacazette et Corentin Tolisso. Tous deux formés au club, les deux meilleurs joueurs de l’OL risquent de laisser un grand vide derrière eux. Ces départs programmés sonnent comme la fin d’une époque.

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L’intersaison risque d’être animée et s’annonce cruciale. Il ne faudra pas se tromper pour les remplacer. Et Bruno Génésio sera-t-il encore l’homme de la situation pour faire retrouver le podium à l’OL ? Spécialiste en contre-feu, Aulas reste, pour le moment, droit dans ses bottes en évoquant la saison prochaine : « Ce sera bien sûr avec Bruno Génésio comme entraîneur et avec des joueurs que certains voient déjà partir. » Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.