Donald Trump a admis jeudi 11 mai lors d’une interview accordée à la chaîne NBC qu’il avait demandé à trois reprises au désormais ex-directeur de la police fédérale (FBI) James Comey s’il était visé par une enquête. Le président américain a également expliqué qu’il avait de toute façon l’intention de limoger M. Comey. Il entre ainsi en contradiction avec la version de la Maison Blanche selon laquelle il n’aurait agi qu’après la recommandation du ministère de la justice, mardi. « J’allais le limoger quelles que soient les recommandations, a-t-il affirmé. C’est un hâbleur, un fanfaron. »

Concernant les investigations en cours sur des liens entre des proches du président américain et la Russie durant la campagne électorale de 2016, « je lui ai demandé [si j’étais visé] », a déclaré M. Trump, rapportant deux conversations téléphoniques. « J’ai dit Si c’est possible, pouvez-vous me dire s’il y a une enquête sur moi ? Il a dit qu’il n’y avait pas d’enquête sur moi », a-t-il ajouté.

Mais malgré ces assurances données par M. Comey, Donald Trump a avoué qu’il avait l’affaire avec la Russie en tête quand il a pris la décision de le renvoyer : « En fait quand je me suis décidé, je me suis dit : Ce truc avec la Russie, Trump et la Russie, c’est une histoire inventée”. »

Selon Donald Trump, les deux hommes en avaient parlé une première fois lors d’un « dîner très sympa ». « Il voulait rester le chef du FBI et j’ai dit que j’y réfléchirai, a raconté M. Trump. Et ce jour-là, il m’a dit que je n’étais pas visé par une enquête, ce que je savais déjà de toute façon. »

« Pas de collusion entre moi, ma campagne et les Russes »

Du point de vue juridique, ces propos peuvent s’apparenter à des pressions du président sur le patron du FBI. Poser cette question « pourrait s’apparenter à une tentative de corruption (…) ou tout au moins d’une obstruction de la justice dans laquelle Comey aurait été idiot de tomber en offrant l’assurance » que Donald Trump n’était pas visé par l’enquête, explique la juriste Laurence Tribe.

Le FBI enquête depuis l’été 2016 sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine de 2016, et sur une éventuelle coordination entre des membres de l’équipe de campagne Trump et la Russie. Ces contacts de président à directeur du FBI ont étonné le sénateur républicain Lindsey Graham, qui a promis de « poser la question ».

Dans le même entretien à NBC, Donald Trump a affirmé que si la Russie avait interféré avec l’élection, ce serait « horrible ». « Il n’y a pas de collusion entre moi, ma campagne et les Russes », a-t-il martelé.