Une affiche en faveur du président Recep Tayyip Erdogan à Konya, dans le centre de la Turquie, le 2 avril. | NICOLE TUNG POUR "LE MONDE"

Les autorités turques ont interpellé, dans la matinée du vendredi 12 mai, 57 personnes soupçonnées d’être liées au putsch manqué de l’été 2016, dans une opération contre la Bourse d’Istanbul, a rapporté l’agence progouvernementale Anatolie.

Les arrestations ont eu lieu dans six provinces différentes, une centaine de mandats d’arrêts ayant été émis, selon Anatolie, qui précise que les opérations se poursuivaient dans la matinée. Ces personnes sont soupçonnées d’être liées au réseau du prédicateur islamiste Fethullah Gülen, à qui Ankara impute la tentative de coup d’Etat du 15 juillet. L’intéressé, installé aux Etats-Unis, dément fermement les accusations.

Le quotidien Habertürk précise sur son site internet que les personnes interpellées vendredi sont d’anciens employés de la Bourse d’Istanbul soupçonnés d’avoir eu recours à une application de messagerie cryptée, Bylock, qui était, selon les autorités turques, l’outil de communication des putschistes.

100 000 personnes limogées ou suspendues

Ils sont également accusés, selon le quotidien, d’avoir réalisé des transactions au profit de la Bank Asya, une banque proche de Fethullah Gülen qui a perdu sa licence après le coup d’Etat avorté.

Depuis le putsch manqué, plus de 47 000 personnes, notamment des policiers, des magistrats et des enseignants, ont été incarcérées et plus de 100 000 limogées ou suspendues.

Ces mesures ont suscité l’inquiétude d’ONG et de pays européens qui dénoncent une répression tous azimuts, mais qui vise particulièrement les milieux prokurdes et les médias critiques. Les autorités affirment que les purges sont nécessaires pour nettoyer les institutions des éléments factieux.

La Malaisie expulse trois ressortissants turcs

La Malaisie a expulsé trois Turcs accusés par Ankara d’être en partie liés au prédicateur Fethullah Gülen. Le chef de la police nationale, Khalid Abu Bakar, a déclaré dans un tweet que les trois hommes avaient été « renvoyés à Ankara », jeudi 11 mai dans la soirée, en dépit des inquiétudes des organisations de défense des droits de l’homme, qui craignent que Kuala Lumpur n’ait cédé aux pressions de la Turquie.

Turgay Karaman et Ihsan Aslan ont été arrêtés la semaine dernière aux termes d’une loi qui permet de détenir les gens sans procès pendant vingt-huit jours. Puis, l’universitaire turc Ismet Ozcelik a subi le même sort, officiellement pour des raisons de sécurité nationale.

« L’enquête de la police a montré qu’ils étaient impliqués dans les activités de la FETÖ [Organisation terroriste Fethullah, surnom attribué par le pouvoir turc au mouvement Gülen] et la Turquie les réclame », a ajouté le chef de la police dans un communiqué. Il a également précisé que les documents de voyage des trois expulsés avaient été annulés par Ankara et que la Malaisie les considérait comme des émigrés illégaux.