Nous vous conseillons régulièrement de vérifier vos droits à la retraite durant votre vie active, afin de vous assurer que tout est bien enregistré, au fur et à mesure. Trimestres, points, salaires retenus : ces droits sont récapitulés, tous régimes confondus, sur votre « relevé de situation individuelle » (RIS), accessible à tout âge en quelques clics.

Ceci dit, pour un non-initié, les erreurs ne sont pas simples à repérer sur ces fameux relevés de carrière... L’enjeu est pourtant de taille : une omission peut minorer vos pensions ou vous amener à partir plus tard que nécessaire.

Bonne nouvelle : un nouveau site, On-agit-retraite.fr, propose de vous prendre par la main. Il aide à déceler les erreurs et fournit, le cas échéant, une estimation de leur effet sur vos pensions et vos dates de départ.

Une carrière lisible

L’accès à cet outil, conçu par un informaticien, Gilles Ledoux, et validé par une experte en retraite, Nathalie Badaire, coûte 10 euros par an (offre de lancement). Il faut au préalable télécharger son RIS sur le portail officiel de l’information retraite. On suit ensuite à la lettre les instructions de l’outil. Attention, la manipulation requiert temps et concentration. Et mieux vaut être chez vous car vous aurez besoin de consulter vos vieilles fiches de paie.

Le site décèle les incohérences entre vos droits acquis aux régimes de base et complémentaires . Si vous avez des droits reportés d’un côté mais pas de l’autre, c’est souvent mauvais signe...

En outre, il vous présente votre carrière de manière lisible, ce qui permet de voir plus aisément les omissions. Sur le RIS, les erreurs ne sautent pas aux yeux car les informations apparaissent éclatées, sur plusieurs pages. Régime par régime. Les mêmes employeurs y figurent souvent sous des noms différents d’une caisse à l’autre... Pas du tout facile à lire ! Ici, votre carrière est reconstituée dans un seul tableau, chronologique.

Outre cette présentation simplifiée, le site attire votre attention sur les points souvent sources d’erreurs. Par exemple, si vous n’avez pas de service militaire reporté, ou aucun droit inscrit pour telle année, on vous demandera de confirmer que c’est normal. On vous demandera aussi de contrôler la prise en compte de votre éventuel statut de cadre.

Une fois les erreurs décelées, il faut fournir à l’outil les éléments lui permettant de recalculer vos droits, en indiquant, par exemple, les salaires touchés pendant la période litigieuse.

Un test qui rapporte 600 euros

Nous avons demandé à un ingénieur de 36 ans, novice en calcul des pensions, de tester ce service. Résultat : il découvre que son RIS comporte une erreur qui lui coûterait environ 600 euros de pension annuelle si elle n’était pas corrigée.

De 2003 à 2007, il n’a pas bénéficié de points de complémentaire Agirc, les points réservés aux cadres, alors qu’il était bien cadre. Pas moins de 1 437 points ont été ainsi oubliés ! Cerise sur le gâteau : le site lui génère un courrier de demande de régularisation, qu’il n’a qu’à imprimer et envoyer à sa caisse.

« La majorité des anomalies proviennent de périodes non enregistrées, de non transferts de points et de non reports de droits de chômage », note Nathalie Badaire. « Le gain lié aux corrections est variable. Certaines ne rapportent rien, d’autres majorent la pension annuelle de plusieurs milliers d’euros. Parfois, l’assuré peut finalement prendre sa retraite des mois avant la date prévue. Cela vaut donc la peine de s’y intéresser, d’autant que nous mettons ici un outil expert à la portée de tous. »

« Nous proposerons bientôt de nouvelles fonctionnalités permettant un contrôle encore plus pointu de votre dossier », poursuit Gilles Ledoux. « Il est par exemple prévu d’intégrer les périodes à l’étranger. Mais surtout, dès fin 2017, de permettre aux utilisateurs de vérifier le calcul de tous leurs droits à partir des données de leurs fiches de paie - la possibilité de recalculer ces droits n’étant ouverte aujourd’hui que pour les périodes pour lesquelles le logiciel identifie une erreur. »

A savoir : Nous ne disposons pas d’estimation officielle tous régimes du taux d’erreurs dans les calculs des pensions. La Cour des comptes publie toutefois chaque année, pour le régime général, un indicateur basé sur le contrôle a posteriori d’un échantillon de cas.

Pour 2015, selon cet indicateur, 8 % des dossiers étaient entachés d’une erreur financière. Une erreur sur deux (43 %) représente un montant inférieur à 10 euros par mois, ajoute le régime général. « Les erreurs que je repère dans mes dossiers concernent pour un tiers le régime de base, pour deux-tiers les complémentaires », précise de son côté Nathalie Badaire.