Le candidat Emmanuel Macron en visite à Berlin, le 16 mars 2017. | Fabrizio Bensch / REUTERS

Pour sa première visite officielle à Berlin en tant que président de la République, lundi 15 mai, Emmanuel Macron n’aura sans doute pas la tâche facile. Forte de sa croissance solide en début d’année, de la vitalité de son commerce extérieur et de ses excédents budgétaires en hausse, l’Allemagne se présente plus sûre que jamais de son modèle… et se montre peu disposée à accepter des réformes de la zone euro, susceptible de lui coûter cher, comme en témoignent plusieurs titres de la presse allemande.

Au premier trimestre, l’économie allemande a ainsi affiché une progression de 0,6 %, a indiqué l’institut de statistiques Destatis, vendredi 12 mai. Il s’agit d’un véritable bond au vu des performances plus modérées de l’économie du pays ces six derniers mois : + 0,2 % au troisième trimestre et + 0,4 % au quatrième. Les économistes s’attendaient à cette bonne performance après les chiffres record du commerce extérieur.

« Malgré les nombreux risques, l’économie allemande s’est développée de façon robuste, et l’industrie tient une bonne part de responsabilité dans cette progression », commente Ferdinand Fichtner, directeur du département conjoncture à l’institut économique de Berlin (DIW), qui table sur une poursuite de la croissance à un rythme soutenu (0,4 %) au deuxième trimestre. Destatis note également une progression dans le secteur de la construction et un chômage toujours en décrue, qui a permis à la consommation intérieure de soutenir la conjoncture. Au premier trimestre, 43,7 millions de personnes étaient en activité en Allemagne, soit 1,5 % de plus qu’un an auparavant, un record.

Conséquence de ces solides performances, l’Etat allemand croule sous les rentrées fiscales. Jeudi, le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, a annoncé que le produit de l’impôt devrait rapporter bien plus que prévu. D’ici à 2021, 54,1 milliards d’euros supplémentaires devraient rentrer dans les caisses de l’Etat fédéral, des Länder et des communes, a indiqué le ministre.

Crispation

L’emploi de cet argent devrait être au cœur des discussions de la campagne électorale qui s’ouvre en Allemagne. De nombreuses voix à droite plaident pour des baisses d’impôts supplémentaires pour les particuliers et les entreprises. Le Parti social-démocrate, lui, fait campagne pour davantage d’investissement afin de réduire les excédents courants du pays, jugés excessifs par la Commission européenne et plusieurs institutions internationales, comme le Fonds monétaire international et l’Organisation de coopération et de développement économiques.

Un point également soulevé par M. Macron lors de ses récentes visites en Allemagne. Le nouveau président porte plusieurs projets de réformes de la zone euro qui devraient faire l’objet de discussions avec la chancelière, Angela Merkel. Ces plans ont, pour l’instant, plutôt suscité la crispation outre-Rhin. « Le cher ami. Emmanuel Macron sauve l’Europe… et l’Allemagne doit payer », titrait vendredi le magazine Der Spiegel, pourtant de centre gauche. Une « une » révélatrice de l’ambiance en Allemagne, où toute idée pouvant se rapprocher d’une mise en commun des dettes au sein de la zone euro provoque une large désapprobation.