Extrait de la bande dessiné d’Emma sur la charge mentale.

L’auteure de bande dessinée Emma, qui souhaite rester anonyme, a un autre métier à la ville. Ses posts Facebook en bande dessinée, consacrés le plus souvent à des sujets féministes, connaissent un certain succès. Après un post consacré au congé maternité, à l’automne, déjà largement partagé, elle a atteint 66 000 partages sur le réseau social pour sa dernière bande dessinée, Fallait demander, publiée en ligne le 9 mai.

Ces quelques dessins expliquent avec des mots simples le problème de la charge mentale des mères dans la vie domestique, elles qui doivent « penser à tout » quand le partenaire se contente souvent « d’aider… Si on lui demande ». Emma répond aux questions de Big Browser.

D’où vous viennent vos idées de bande dessinée ?

Emma : Ce sont souvent des anecdotes qui illustrent un problème qui n’est pas « impondérable ». C’est-à-dire un problème que l’on pourrait régler, qui est lié à quelque chose qui ne fonctionne pas dans le système. J’essaie de donner un éclairage politique à des histoires individuelles. C’est le cas pour la bande dessinée sur la charge mentale, qui m’est venue de mon expérience personnelle.

Quant au format de la bande dessinée, ce sont les dessins qui me permettent de faire passer rapidement mes idées. Ils n’ont pas vocation à être esthétiques. Avant, je tenais un blog avec des fiches sur le féminisme, mais ça ne fonctionnait pas… Alors j’ai voulu faire passer mes idées de façon plus efficace et plus accessible, pour vulgariser et mettre des problèmes en images.

Souvent, je construis mes bandes dessinées de la même manière : une anecdote, une explication simple pour éclairer le problème général, avec quelques notions de sociologie et quelques chiffres, et, enfin, un appel à l’action. Je voudrais arriver à faire se rejoindre l’émotion, puis l’information et enfin l’action. Je ne sais pas si je peux m’autodésigner ainsi, mais ce que j’aspire à faire, c’est de « l’éducation populaire » Moi-même, c’est en lisant des blogs sur Internet qui expliquaient les choses de manière très simple que j’ai commencé à m’intéresser au féminisme.

Votre bande dessinée a été partagée plus de 66 000 fois sur Facebook. Comment expliquez-vous ce succès ?

Je pense que cette bande dessinée a mis des mots sur un problème dont on ne parle jamais. Il y a aussi son côté très simple, imagé. Il y avait un gros besoin de s’exprimer sur cette question, y compris pour moi, ça m’a même fait du bien pendant que je dessinais !

Les gens apprécient de voir ce problème illustré par une personne extérieure à leur vie, ça leur a permis d’échanger sur le sujet. J’ai vu des femmes taguer leur conjoint sur le post, pour qu’ils viennent le lire et qu’ils se rendent compte.

Justement, quelles sont les réactions des internautes depuis la publication de votre BD ?

Dans mon premier cercle, qui est plutôt militant [Emma est proche du NPA et a consacré plusieurs bandes dessinées à la campagne présidentielle], les réactions sont toujours positives. Ensuite, il y a eu les réactions de femmes qui se sont reconnues dans ce que je montrais et qui ne sont pas des militantes féministes, ce qui était important pour moi. Des hommes m’ont écrit pour me dire « merci, je ne me rendais pas compte ».

Des femmes m’ont expliqué qu’elles avaient fait lire la BD à leur conjoint et qu’il faisait « des efforts » depuis. Et depuis hier, il y a une troisième vague, les masculinistes, qui m’insultent, mais je n’y prête pas tellement attention.

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Emma est l’auteure de la bande dessinée Un autre regard, parue chez Massot Editions.