Bataille pour le palet lors de France-République tchèque, dimanche 14 mai à l’AccorHotels Arena de Paris. | Petr David Josek / AP

Pour l’équipe de France de hockey sur glace, il y avait un devoir à accomplir et un rêve à assouvir à ce championnat du monde, que Paris accueille avec Cologne. En émules à patins de Guy Roux, les hommes de Dave Henderson avaient pour premier objectif le maintien dans l’élite, un objectif raisonnable si l’on tient compte de leur rang (14e) au classement de la fédération internationale.

Il fut atteint le 12 mai, après leur cinquième match dans la poule B, un succès à suspense et aux tirs de fusillade (4-3) contre la Biélorussie. L’espoir de disputer un quart de finale à domicile s’est, lui, envolé dans la soirée de dimanche, anéanti à 22 h 30 par la victoire, après prolongation (3-2) de la Finlande contre la Suisse.

Auparavant, sur cette même patinoire de Bercy, les Bleus avaient subi l’impitoyable hiérarchie de ce sport, immuable depuis la fin de la guerre froide. Il leur fallait grappiller des points face à la République tchèque, membre permanent de ce conseil de sécurité qu’est le top 6 de la discipline. Incapables de profiter d’une supériorité numérique débutée à la fin du premier tiers-temps et prolongée dans le deuxième – dont 46 secondes à cinq joueurs de champ contre trois –, les Français ont reçu une leçon de réalisme et de maîtrise technique en s’inclinant 5-2. Et ont enregistré une huitième défaite, en autant de confrontations, face à cet adversaire au championnat du monde.

Dans une enceinte progressivement réduite au silence, rompu parfois par les « Cesky ! » des visiteurs – certains déguisés en Gaulois, puisque Astérix et Obélix sont les mascottes de l’événement, un autre en chef indien –, les amateurs auront eu le loisir d’admirer le talent d’attaquants comme l’insolent David Pastrnak (20 ans), Michal Repik (auteur d’un doublé) ou la star des Philadelphia Flyers, Jakub Voracek. Et surtout le sang-froid de Pavel Francouz (« Paul Français », en version française). Le sélectionneur des Bleus, Dave Henderson, a rendu un hommage appuyé au pensionnaire du Traktor Tcheliabinsk (Oural) : « Un grand gardien qui a fermé la porte, il a bloqué, c’était un mur. »

Maudite Norvège

« Sur le papier, les Tchèques sont largement plus forts que nous, a rappelé Stéphane Da Costa, qui a réalisé un championnat du monde exceptionnel, l’attaquant du CSKA Moscou figurant provisoirement en troisième position au tableau des pointeurs avec 9 unités. Mais on a battu la Finlande, on a accroché le Canada On ne doit jamais avoir de regrets. » L’ailier des Dragons rouennais Sacha Treille en nourrit, pour sa part, « un seul : ne pas avoir performé contre les équipes moyennes ». Sa sélection a payé à l’arrivée son faux pas initial contre la Norvège et le point lâché à la Biélorussie. Le défenseur Yohann Auvitu semble néanmoins résumer le sentiment général quand il affirme : « Si on nous avait dit qu’on serait en position de finir avec dix points, on aurait signé tout de suite. »

Reste donc, comme ultime opposant, la Slovénie, déjà reléguée à l’échelon inférieur, que la France rencontre ce soir à Bercy. Le seul qu’elle domine, d’un rang seulement, dans la hiérarchie mondiale. Pour les supporteurs, ce sera l’occasion de voir pour leur dernière apparition sous le maillot national deux vétérans, le gardien Cristobal Huet (41 ans) et le centre Laurent Meunier (38 ans). « Si on gagne [ce soir], on aura 4 victoires en 7 matchs, a observé celui-ci. D’habitude, cela nous permet de jouer les quarts, mais pas cette année. » Ce fut en effet le cas en 2014 à Minsk lorsque les Français se qualifièrent à la surprise générale après avoir battu, notamment, le Canada.

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Ils pourront ensuite maudire encore la Norvège, qui les a privés des Jeux olympiques d’hiver, organisés à Pyeongchang (Corée du Sud), en février 2018. Il faudra attendre une année pour le prochain grand rendez-vous, le 82championnat du monde accueilli par le Danemark.

L’aristocratie du hockey au rendez-vous

Ce n’est pas une raison pour snober la suite de la compétition, avec les deux quarts programmés à Bercy jeudi 18 mai, demies et finale étant réservées à Cologne. Dans le groupe A, dans la ville rhénane, la Russie, les Etats-Unis et la Suède ont validé leur billet ; le quatrième sera attribué à l’issue d’un explosif Allemagne-Lettonie, mardi 16 mai.

Dans le groupe B, Canada, République tchèque, Suisse et Finlande sont en position favorable, la Norvège devant impérativement prendre au moins un point aux Nord-Américains cet après-midi à Bercy pour conserver un espoir. Les détenteurs de places pour les quarts parisiens ont donc l’assurance d’assister à deux chocs entre représentants de l’aristocratie du hockey. En espérant qu’il ne faille pas attendre soixante-six ans pour qu’elle revienne à Paris.