Vue aérienne du stade Maracana de Rio de Janeiro, le 18 janvier 2017. | VANDERLEI ALMEIDA / AFP

Au Brésil, on parle désormais de la « télénovela du Maracana ». Une saga entourant le stade mythique de Rio de Janeiro, ponctuée de drames, de disgrâces, de rédemptions et de coups de théâtre. Le dernier épisode a eu lieu le 11 mai avec le forfait de Lagardère Sports, candidat au rachat de la concession de l’empire brésilien du football, propriété de l’Etat de Rio.

Le spécialiste du divertissement sportif n’aurait pas obtenu les garanties financières, commerciales et politiques suffisantes. Un euphémisme pour traduire un certain agacement face à l’indécision du gouvernement de l’Etat de Rio. Il faut dire que l’Etat de Rio est en faillite, que la crise économique fait rage et que le pays est secoué par un scandale de corruption tentaculaire qui met en cause l’élite politique, dont l’ex-gouverneur de Rio, Sergio Cabral, ainsi que le groupe de BTP Odebrecht… détenteur de 95 % de la concession du Maracana.

Plusieurs mois à l’abandon

Le Maracana serait-il maudit ? Théâtre de larmes et d’euphories légendaires, le stade, qui a accueilli le 1 000but de Pelé, est resté plusieurs mois à l’abandon après les Jeux olympiques d’août 2016 à la suite d’un conflit entre Odebrecht et le comité olympique. Le groupe de BTP, vainqueur d’un appel d’offres en 2013 entouré d’un parfum sulfureux (le contrat avait été signé à l’époque du gouvernement de Sergio Cabral), donnait surtout le sentiment de se désintéresser d’un endroit qu’il n’avait pu rentabiliser.

En lice pour reprendre l’affaire à Odebrecht, moyennant 60 millions de reais (17,56 millions d’euros), hors versement à l’Etat de Rio, Lagardère Sports a pris des allures de sauveur, sûr de réussir là où le Brésilien avait échoué. « Gérer un stade, c’est un business », dit-on dans l’entourage du groupe français. Lagardère Sports ainsi que le français GL Events allié au britannique Chime Sports Marketing regardaient le dossier jusqu’à ce qu’en mars, le deuxième consortium jette l’éponge évoquant un manque de « garanties juridiques ». Pour la presse brésilienne, le réel motif de l’abandon s’appelait « Lava Jato » (« lavage express »), nom de l’opération judiciaire qui a mis au jour le plus gros scandale de corruption de l’histoire du Brésil. Lagardère Sports, lui, aurait peu apprécié que l’Etat réfléchisse in fine à lancer un nouvel appel d’offres. La goutte d’eau.