Crânes dans un charnier découvert dans une province du Kasaï, en République démocratique du Congo en mars 2017. | REUTERS

L’armée congolaise a communiqué, lundi 15 mai, le bilan des opérations de reprise en main des provinces du Kasaï entreprise depuis mars dans le centre de la République démocratique du Congo (RDC), agitées depuis plusieurs mois par des affrontements entre forces de sécurité et miliciens du chef traditionnel Kamwina Nsapu : « Nous avons tué 390 miliciens et enregistré 39 tués dans les rangs des FARDC [forces armées] ainsi que 85 policiers tués dans ces opérations », a déclaré le général de brigade Léon-Richard Kasonga, porte-parole de l’armée, lors d’une conférence de presse à Kinshasa. « Nos troupes respectent le droit international humanitaire et les droits humains (…). Nous avons opéré de manière professionnelle », a-t-il ajouté.

Des miliciens, qualifiés d’« insurgés terroristes », dont « l’objectif est de semer la terreur ». « Nous avons le devoir de mettre fin » à l’action de ces rebelles qui « se livrent à des exécutions sommaires, saccagent, incendient » les édifices publics et privés, a-t-il poursuivi à l’appui d’une vidéo montrant de présumées « exactions commises par les miliciens Kamwina Nsapu ».

L’armée a appelé les populations à se désolidariser des miliciens ou à convaincre ceux de leurs proches qui en font partie de « déposer les armes ».

Le général de brigade Kasonga, qui n’a pas présenté un bilan du nombre de civils tués pendant les opérations militaires, a déclaré que 26 militaires et policiers sont blessés, 9 autres sont portés disparus et que l’armée a capturé 503 miliciens, dont 54 mineurs depuis fin mars.

« Pas des enfants de chœur »

L’ONU accuse les rebelles Kamwina Nsapu d’enrôler des enfants dans leurs milices et d’avoir commis des atrocités, tout en dénonçant également l’usage disproportionné de la force par l’armée congolaise.

En mars, deux experts onusiens avaient été enlevés dans le Kasaï et leurs corps retrouvés seize jours plus tard dans une fosse commune, alors qu’ils étaient missionnés par le secrétaire général de l’ONU pour enquêter sur les violences dans la région, où 40 fosses communes avaient été mises au jour.

Le général de brigade Kasonga a accusé lundi les miliciens Kamwina Nsapu d’en être des auteurs : « Ce ne sont pas des enfants de chœur mais des insurgés terroristes assoiffés de sang, ils tuent les gens », creusent des « fosses communes et les jettent » dedans, « même Boko Haram ou Al-Qaida au Magreb islamique n’agissent pas de la sorte ».

La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’ONU avait pressé Kinshasa de coopérer avec sa commission d’enquête chargée de se pencher sur les meurtres de ses experts et sur les charniers du Kasaï.

Ces violences ont fait des centaines de morts et causé le déplacement de 1,27 million de personnes après le soulèvement de partisans de Kamwina Nsapu, tué en août 2016 lors d’une opération militaire après s’être rebellé contre le pouvoir de Kinshasa.