Hulot au gouvernement ? « Un coup de génie de la part de Macron ! »
Hulot au gouvernement ? « Un coup de génie de la part de Macron ! »
Par Raphaëlle Besse Desmoulières
A l’image de Noël Mamère, les écologistes sont « nombreux à placer beaucoup d’espoirs dans sa nomination ». Mais l’inquiétude règne sur ses marges de manœuvre.
Passation des pouvoirs entre Nicolas Hulot et Ségolène Royal, au ministère de l’environnement, le 17 mai. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Daniel Cohn-Bendit est aux anges. Nicolas Hulot nommé, mercredi 17 mai, ministre d’Etat à la transition écologique et solidaire ? « C’est un coup de génie de la part de Macron !, s’exclame l’ex-député européen Europe Ecologie-Les Verts. Ça va être passionnant. » Et de renvoyer tous ses ex-amis Verts à leurs moqueries pour l’avoir tant critiqué, lui qui avait choisi depuis longtemps de soutenir le candidat d’En Marche ! « Je ris ! Qu’est-ce qu’on n’a pas pris quand on a signé pour Macron ! Maintenant ils ont le pape de l’écologie dans les pattes. »
Chez les écolos, rares sont ceux qui ne saluent pas comme « une bonne nouvelle » l’arrivée au gouvernement de cette figure très respectée du combat environnemental. « Nous sommes nombreux à placer beaucoup d’espoirs dans sa nomination, indique Noël Mamère, député écologiste sortant de Gironde. Et nous lui disons : “Bon courage, Nicolas. Nous t’aiderons s’il le faut.” »
Pour Jean-Luc Mélenchon, il s’agit en revanche d’un « crève-cœur ». Les deux hommes se sont rapprochés ces dernières années et discutent souvent ensemble. L’ex-animateur de télévision avait même indiqué après 2012 avoir voté pour celui qui était alors le candidat du Front de gauche.
« Isolé en territoire hostile »
Même si l’intitulé de son ministère ne l’indique pas, c’est bien M. Hulot qui aura la tutelle sur l’énergie. Un point fondamental s’il veut pourvoir mener à bien sa politique. Les dossiers qui attendent le nouveau locataire de l’hôtel de Roquelaure sont nombreux : il y a bien sûr celui, explosif, du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la mise en œuvre de la loi sur la transition énergétique, votée en 2015, qui comprend notamment la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025, l’épineux chantier de la fermeture de la centrale de Fessenheim, le chantier du Lyon-Turin…
Malgré la « bonne nouvelle », l’inquiétude règne chez les amis de M. Hulot sur ses marges de manœuvre. « Je suis dans un accompagnement bienveillant pour renforcer au mieux un écolo de tout premier ordre mais qui est assez isolé en territoire hostile », souligne David Cormand, secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts. Pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron était resté relativement discret sur les sujets environnementaux et le choix d’Edouard Philippe, un homme de droite, comme premier ministre n’est pas fait pour rassurer. « Il faut espérer que Hulot a obtenu certaines garanties qui lui éviteront de servir de caution à un président et un premier ministre, ancien d’Areva, qui n’ont jamais fait de l’écologie leur priorité », note M. Mamère.
« Trouver une forme de cohabitation »
« Nicolas a la capacité à gagner des arbitrages », défend Pascal Durand, député européen écologiste proche du nouveau ministre. Ce dernier s’inquiète cependant que « les clefs du financement » soient « dans les mains de la droite ». Ce sont en effet deux figures du parti Les Républicains, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, qui ont été nommés à l’économie pour le premier, au budget pour le second. « Cela va très sérieusement donner du fil à retordre à mon ami Nicolas Hulot », note aussi Yannick Jadot, éphémère candidat d’EELV à la présidentielle, dans une interview au JDD. M. Cohn-Bendit, lui, se veut confiant. A tous ces « grincheux », il répond que « Le Maire sait que si Macron a choisi Hulot, ce n’est pas pour qu’il lui passe dessus comme un rouleau compresseur ». « Ils seront obligés de trouver une forme de cohabitation », veut-il croire.
José Bové, député européen écologiste, prévient également : « Quand il s’engage, Nicolas Hulot fait les choses. S’il voit qu’il n’a pas les moyens de mener sa politique, il est capable d’arbitrer et de dire qu’il n’a plus rien à faire là », estime-t-il. « Contrairement à ses prédécesseurs, ce n’est pas un carriériste », ajoute M. Durand. Le Parti communiste, lui, s’interroge dans un communiqué qui pointe un « gouvernement libéral de combat » : « Dans quelle galère s’est embarqué Nicolas Hulot ? »