A bientôt 70 ans - il les aura en juin-, le nouveau ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est le seul poids lourd politique issu du gouvernement précédent de François Hollande, dont il était un des fidèles.

Président de la région Bretagne, militant socialiste « transcourant » historique ayant su entretenir des amitiés à droite, homme de réseaux, il apportera sa connaissance des équilibres politiques locaux à la nouvelle présidence Macron. Mais aussi son expérience régalienne au ministre de la défense, un poste où il a su démontrer sa solidité et duquel il est parti avec des louanges.

Issu d’une famille catholique ouvrière, agrégé d’histoire, Jean-Yves Le Drian était devenu maire de sa ville natale Lorient (Morbihan) en 1981. Il enchaînera ensuite les mandats de député et plus brièvement, les responsabilités gouvernementales, en étant secrétaire d’Etat à la mer en 1991.

Dès 2007, il avait été courtisé par Nicolas Sarkozy pour devenir son ministre de la défense, offre qu’il a déclinée. En 2012, il prendra le poste, qu’il désirait, formant avec son directeur de cabinet, Cédric Lewandoswki et son conseiller spécial, Jean-Claude Mallet, un « ticket » qui a su se rendre omniprésent dans la communauté de défense. Le trio restera indissociable durant le quinquennat Hollande.

Déjà ministre des affaires étrangères

Discret et prudent, travailleur acharné, il a achevé ses cinq années passées au ministère de la défense en étant manifestement fatigué, après avoir visité 64 pays. M. Le Drian a quitté l’hôtel de Brienne en étant salué par les industriels de la défense, qu’il a portés en signant des montants record d’exportations d’armement (14 milliards de prises de commande en 2016), dont la première vente de l’avion Rafale de Dassault.

Si toutes les réformes internes menées au ministère de la défense n’ont pas été sans créer de l’amertume chez les militaires, priés de se taire et de céder des prérogatives aux civils, il a fait en sorte que les armées répondent aux sollicitations intenses du président Hollande, qui les a engagées simultanément dans des opérations extérieures et intérieures au risque de la surchauffe.

Les grandes priorités fixées - renseignement, cyberdéfense - ont été financées, et beaucoup reconnaissent à Jean-Yves Le Drian de la ténacité pour consolider les arbitrages budgétaires face à Bercy.

Au fil de ces cinq années, M. Le Drian fut aussi, déjà, ministre des affaires étrangères. François Hollande lui avait en effet délégué la diplomatie africaine, marquée par une militarisation des relations de la France avec ses partenaires. Dans le Golfe, M. Le Drian a aussi su réparer les pots cassés de la diplomatie de Nicolas Sarkozy, et s’attirer le respect des princes sunnites.

Sur les dossiers européens, M. Le Drian s’est appuyé sur le Royaume-Uni et l’Allemagne, mais il a quitté ses fonctions en ayant mesuré le caractère trop souvent velléitaires de ses partenaires face à l’Europe de la défense.