Mali : un couple vivant en concubinage lapidé par « des islamistes »
Mali : un couple vivant en concubinage lapidé par « des islamistes »
Le Monde.fr avec AFP
Le couple a été assassiné à Taghlit, dans la région de Kidal, au prétexte qu’il « avait violé la loi musulmane ».
Des élus locaux maliens ont rapporté mercredi 17 mai qu’un couple avait été lapidé la veille à Taghlit, dans la région de Kidal, dans l’extrême nord-est du Mali, par des « islamistes » qui leur reprochaient de vivre en concubinage, en violation de « la loi musulmane ». C’est la première fois depuis 2012, que de tels faits sont signalés au Mali.
D’après un élu local qui a témoigné auprès de l’Agence France-Presse, « le couple non marié a été arrêté » par « les islamistes ». Ces derniers « ont déclaré qu’ils [avaient] violé la loi musulmane et qu’il fallait les lapider. C’est ce qu’ils ont fait ».
« Les islamistes ont creusé mardi deux trous, dans lesquels ils ont mis l’homme et la femme qui vivaient maritalement sans être mariés. Ils ont été lapidés à mort », a affirmé un autre élu joint au téléphone de Bamako. Selon cet élu, « quatre personnes ont jeté des cailloux aux deux, jusqu’à leur mort ». Une source de sécurité malienne a confirmé « l’exécution par lapidation » d’un homme et d’une femme, sans donner davantage de détails.
Aucune indication n’a pu être obtenue sur l’identité des « islamistes » en question ou sur le groupe auquel ils appartiendraient. Plusieurs groupes djihadistes, en plus des narcotrafiquants, contrebandiers et autres criminels, écument le nord du Mali.
Des scènes similaires en 2012
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida à la faveur d’une rébellion touareg, d’abord alliée à ces groupes, qui l’ont ensuite évincée. Ils ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques. Et depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du pays.
A la fin de juillet 2012, alors que les djihadistes contrôlaient encore le nord du Mali, des membres du groupe Ansar Dine lapidèrent en public à Aguelhoc un homme et une femme auxquels ils reprochaient d’avoir eu des enfants sans être mariés. En septembre 2012, cinq hommes accusés de vol furent amputés, chacun d’une main et d’un pied, par un autre groupe djihadiste, le Mujao, à Gao (Nord-Est).
D’autres couples jugés « illégitimes », des hommes accusés d’avoir bu de l’alcool, de fumer, ou encore d’être des voleurs ou des violeurs ont aussi été fouettés en public par des islamistes dans plusieurs villes, notamment à Tombouctou (Nord-Ouest), où ils ont aussi détruit des tombeaux de saints musulmans vénérés par la population.