Chaque jour, de nouvelles révélations viennent ternir un peu plus la crédibilité du président Trump. Après les révélations du Washington Post sur la divulgation d’informations classifiées à un dirigeant russe, le New York Times affirme mardi 16 mai que Donald Trump a demandé en février à James Comey, qui était encore directeur du FBI, de « laisser tomber » une enquête sur l’ancien conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn. Ce dernier, désigné par Trump au poste de conseiller à la sécurité nationale, a été poussé à la démission le 13 février pour avoir omis de révéler des contacts répétés avec l’ambassadeur russe aux Etats-Unis l’an dernier, dont certains auraient porté sur des sanctions américaines contre Moscou.

Cette conversation aurait eu lieu au bureau Ovale, le 14 février, au lendemain de la démission de Michael Flynn. Pour étayer ces révélations, le quotidien s’appuie sur une note que l’ex-patron du FBI, limogé la semaine dernière par le président des Etats-Unis, a rédigée immédiatement après cette demande.

Dans cette note, que le New York Times n’a pas vue mais dont le contenu a été porté à sa connaissance par deux collaborateurs avisés, M. Comey cite M. Trump lui déclarant :

« J’espère que vous pourrez laisser tomber [cette enquête], laisser Flynn tranquille. C’est un bon gars. »

Une telle requête venant du président représenterait une interférence directe dans une enquête en cours, et une possible obstruction à la justice. Selon le New York Times, James Comey avait pris l’habitude de rédiger des mémos sur ses conversations avec Donald Trump, en raison de ce qu’il percevait comme « des tentatives déplacées du président d’influencer une enquête en cours ». L’ex-directeur du FBI avait informé ses proches collaborateurs et des officiels du FBI après la conversation du 14 février. Devant un tribunal, les notes d’un agent du FBI sont considérées comme des preuves crédibles de la teneur d’une conversation.

Démenti de la Maison Blanche

Contactée par le journal, la Maison Blanche a opposé un démenti formel en affirmant que personne n’avait jamais demandé à James Comey ou à qui que ce soit de clore l’enquête sur Michael Flynn. « Ce n’est pas un récit fidèle (…) de la conversation entre le président et M. Comey », a fait savoir un responsable de l’administration sous couvert d’anonymat.

L’exécutif rappelle également que le directeur intérimaire du FBI, Andrew McCabe, a assuré qu’il n’y avait pas eu d’interférence dans les enquêtes du FBI, lors d’une audition au Sénat, la semaine passée.

Les réactions ont fusé au Congrès où la pression monte depuis quelques jours pour que M. Comey vienne livrer sa version des faits. Le chef de file de l’opposition démocrate du Sénat, Chuck Schumer, s’est déclaré « secoué » par ces dernières révélations. « C’est un test sans précédent pour le pays. Je le dis à tous mes collègues du Sénat : l’histoire nous regarde », a-t-il lancé sur un ton grave depuis l’hémicycle.

Le républicain Richard Burr, président de la commission sénatoriale du renseignement, s’est montré nettement plus circonspect. « Je pense que le directeur [Comey] nous aurait peut-être informés s’il y avait eu une demande de cette nature », a-t-il affirmé, jugeant qu’il faudrait « plus que des sources anonymes » pour le convaincre.