« OK, donc me voilà tout le monde !! » Pour la première fois, Chealsea Manning, ancienne informatrice de WikiLeaks, sortie de prison mercredi 17 mai, a pu montrer publiquement son visage telle qu’elle le souhaitait : c’est en cheveux blonds très courts, les yeux maquillés et du rouge aux lèvres que la jeune femme transgenre de 29 ans, entrée en prison en tant qu’homme prénommé Bradley, s’est affichée sur Twitter, publiant également une photo sur son compte Instagram.

Chelsea Manning, qui a revendiqué son identité de femme au lendemain de sa condamnation en 2013, a entamé en prison un traitement hormonal à l’issue d’un long combat légal. Selon ses soutiens, la jeune femme devrait désormais laisser pousser ses cheveux, après des années passées à se conformer à la coupe courte réglementaire en détention.

Sur Twitter, plate-forme qu’elle utilisait même dans sa cellule, elle avait publié après sa sortie du pénitencier de Fort Leavenworth, aux confins du Kansas et du Missouri, une photo de ses pieds chaussés de baskets, avec le commentaire « premiers pas de liberté ».

Un documentaire en préparation

La société de production Pulse Films a annoncé le 17 mai que Mme Manning participerait à un documentaire sur son histoire, XY Chelsea, coproduit par la journaliste Laura Poitras — auteure d’un film documentaire sur Edward Snowden — et réalisé par le britannique Tim Travers Hawkins.

Traîtresse qui a pactisé avec l’ennemi pour les uns, héroïne des libertés pour les autres, Chelsea Manning avait transmis à WikiLeaks en 2010 plus de sept cent mille documents confidentiels ayant trait aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, dont plus de deux cent cinquante mille câbles diplomatiques, qui avaient plongé les Etats-Unis et les chancelleries à travers le monde dans l’embarras.

Condamnée par une cour martiale à trente-cinq ans de réclusion pour cette gigantesque fuite de données classifiées, Chealsea Manning est sortie de prison après sept années derrière les barreaux à la faveur d’une peine commuée par l’ancien président Barack Obama, peu de temps avant la fin de son deuxième mandat. Sa condamnation n’est cependant pas effacée. Une procédure en appel a été engagée afin de « laver son nom », selon les mots de son avocate, Nancy Hollander. Une procédure qui pourrait aller jusqu’à la Cour suprême.

L’ancienne analyste du renseignement reste légalement une soldate de l’U.S. Army, techniquement en congé sans solde pendant l’examen de l’appel qu’elle a formé de sa condamnation.