Agnès Buzyn, le 18 mai à l’Elysée. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La question commençait à devenir pressante. Comment la nouvelle ministre des solidarités et de la santé Agnès Buzyn allait-elle pouvoir exercer une cotutelle sur l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), un organisme public dirigé par Yves Lévy, son mari, sans se trouver en situation de conflit d’intérêts ? Dans l’entourage de la ministre, on assure jeudi 18 mai au Monde que le sujet est « clairement identifié » et que Mme Buzyn « ne traitera pas les sujets en lien avec l’Inserm », via un « système de déport ». « Le sujet est en train d’être traité au niveau du secrétariat général de l’Elysée », explique-t-on.

Emmanuel Macron avait lui-même décidé de pratiquer ce « déport » destiné à prévenir tout conflit d’intérêt lorsqu’il était devenu secrétaire général adjoint de l’Elysée en 2012. « Je n’ai pas traité de dossiers que j’avais eus à connaître, j’ai fait la même chose en tant que ministre », expliquait-il sur Mediapart le 5 mai.

L’Inserm, un sujet d’activité quasi-quotidien pour le ministère

Mais cette réponse, qui maintient la cotutelle du ministère de la santé, pose toutefois à son tour de nouvelles questions. Comment Mme Buzyn, dont la nomination a été bien accueillie par le monde de la santé et dont les compétences médicales, scientifiques et managériales ont été saluées, fera-t-elle pour ne pas prendre part à des arbitrages concernant l’organisme dirigé par son époux ?

Pour un ministre de la santé, l’Inserm n’est pas un domaine occasionnel, mais un sujet d’activité quasi-quotidien. La prédécesseure d’Agnès Buzyn avenue de Ségur, Marisol Touraine, avait eu des discussions assez tendues avec le ministère en charge de la recherche et l’Inserm pour savoir si le Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), qui fonctionne sur appel à projets, restait placé sous l’autorité du ministère de la santé ou bien passait sous celle de l’Inserm. Mme Touraine avait obtenu gain de cause.

En revanche, le fait que le budget de l’Inserm soit entièrement assumé par le ministère en charge de la recherche semble avoir été un argument suffisant pour qu’Agnès Buzyn entre au gouvernement, sans que son époux soit contraint à démissionner de la tête de l’Inserm.