Une partie de l’équipe du film « Wonderstruck », de Todd Haynes, au 70e Festival de Cannes, avec, de gauche à droite, Millicent Simmonds, Julianne Moore, Todd Haynes, Jaden Michael et Michelle Williams, le 18 mai 2017. | ALBERTO PIZZOLI/AFP

  • ON ATTEND AUJOURD’HUI :

En ce premier jour de la compétition pour la Palme d’or, s’affrontent deux cinéastes habitués de la Croisette, l’Américain Todd Haynes avec Wonderstruck et le Russe Andreï Zviaguintsev avec Faute d’amour (Nelyubov/Loveless). Le premier comptabilise deux participations (dont Carol en 2015) et a remporté en 1998 le prix de la meilleure contribution artistique au Festival international du film pour Velvet Goldmine. Le second a déjà à son actif trois participations et deux récompenses, le prix spécial du jury Un certain regard en 2011 pour Elena et le prix du scénario en 2014 pour Leviathan. Les deux films qu’ils présentent jeudi en compétition ont pour point commun d’évoquer l’enfance et ses tourments.

Petit rappel : le jury des longs-métrages est présidé cette année par le cinéaste espagnol Pedro Almodovar qui, à l’occasion d’une rencontre avec Thomas Sotinel, a accepté de retracer son parcours festivalier, de Saint-Sébastien (en 1980) à Cannes (en 1992), en passant par Venise (en 1983) et Berlin (en 1987).

  • DU CÔTÉ DES CRITIQUES :

Pour ce qui est de la compétition, Thomas Sotinel estime qu’« Andreï Zviaguintsev ne donne pas cher du genre humain. Faute d’amour, premier film de la compétition projeté en ce 70e Festival de Cannes, le 17 mai, ne signale aucune amélioration de la cote de confiance en l’espèce du cinéaste russe. Pourtant, ce film qui vacille au bord du désespoir est peut-être le plus bouleversant de son auteur. Dans le paysage désolé du chauvinisme, de la bigoterie et de l’égoïsme qui enserrent la société russe, l’auteur d’Elena et de Leviathan cherche avec une sorte de frénésie des raisons de ne pas se décourager, entraînant son film et son public dans cette quête. »

La section Un certain regard s’ouvre, jeudi soir, avec le film de Mathieu Amalric, Barbara, avec Jeanne Balibar dans le rôle principal. Isabelle Regnier explique comment « plutôt que de lui faire jouer Barbara, Mathieu Amalric l’a filmée dans le rôle d’une actrice engagée pour jouer Barbara dans un biopic. Il s’est lui-même donné celui du réalisateur, Yves Zand (nom dérivé de celui de sa mère, la critique littéraire Nicole Zand), littéralement en transe devant son sujet ». Et de conclure : « Par cette critique du biopic, de la dépossession inhérente au principe d’imitation qui le fonde, Amalric réaffirme la vision moderne du cinéma dont il est héritier, celle d’un art du présent pur, né de la rencontre entre un désir de filmer et une présence désirée. »

Jeanne Balibar et Mathieu Amalric pour le film « Barbara », au 70e Festival de Cannes, le 18 mai 2017. | ALBERTO PIZZOLI/AFP

Et retour sur le film d’ouverture, Les Fantômes d’Ismaël, du Français Arnaud Desplechin, projeté hors compétition mercredi 17 mai au soir. Comme le souligne Isabelle Regnier dans sa critique, il existe bel et bien deux versions différentes de ce long-métrage : « Une version que son auteur, Arnaud Desplechin, qualifie de “française”. D’une durée d’une heure cinquante, c’est celle que le distributeur du film, Le Pacte, présente dans la grande majorité des salles de l’Hexagone. Une autre version existe, plus longue de vingt minutes, que Desplechin nomme “version originale”, ou “director’s cut”. »

Sans oublier la programmation de l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID) qui ne cesse de prendre du galon. Son film d’ouverture, Avant la fin de l’été, projeté jeudi, est, selon Isabelle Regnier, un « road-movie en forme de comédie sentimentale [qui] jette sur les routes de France un trio de trentenaires iraniens tendance pieds nickelés, exilés en France depuis quelques années, dont l’un a décidé de rentrer au pays et que ses deux amis veulent convaincre de rester ». La réalisatrice suisse, belge et française Maryam Goormaghtigh y « déploie souverainement sa vision, tendrement hédoniste et sensuellement rageuse ».

  • DU CÔTÉ DES REPORTERS :

Comme le remarque notre journaliste Clarisse Fabre, « les images de tapis rouge se succèdent. Celui qui a mené Emmanuel Macron jusqu’aux marches de l’Elysée, le 15 mai. Et celui que les stars du cinéma et les people ont emprunté comme à leur habitude, mercredi 17 mai, entre 18 heures et 19 heures, avant la cérémonie d’ouverture de la 70e édition du Festival de Cannes ». L’occasion de passer en revue les nombreux documentaires réalisés en quelques mois sur le nouveau président de la République.

Laurent Carpentier, quant à lui, s’est immergé dans la réalité virtuelle, très politique, du court-métrage du Mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu, Carne y Arena, présenté hors compétition. « Plus installation artistique qu’objet filmique (Carne y Arena va être exposé pendant huit mois à Milan à la Fondation Prada, coproducteur du projet, puis au musée Lacma à Los Angeles, à Tlatelolco au Mexique, etc.), l’objectif de l’œuvre est, comme l’explique son créateur, de vous faire ressentir – à vous grands de ce monde qui montez les marches du Palais des festivals ; à vous Terriens heureux craignant l’afflux de migrants syriens, afghans ou guatémaltèques… –, ce que ressentent ces gens qui fuient leur pays pour sauver leur peau. »

Clarisse Fabre a accepté, de son côté, de participer aux délibérations finales du concours d’entrée de l’Ecole régionale d’acteurs de Cannes (ERAC). « Le dernier candidat a terminé et le jury délibère de 17 heures à 20 heures. Il y a les candidats qui font la quasi-unanimité. Et les autres. C’est le plus difficile. La “promo” doit répondre à différents critères : il faut sept filles et sept garçons. Quelques fortes personnalités, mais pas trop. »

  • DU CÔTÉ DE LA PHOTO :
  • DU CÔTÉ DE LA VIDÉO :

Festival de Cannes : « Les Fantômes d’Ismaël », crise d’inspiration pour Arnaud Desplechin
Durée : 03:51