Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, Donald Trump et Sergueï Kislyak, l’ambassadeur de Russie à Washington, le 9 mai, à la Maison Blanche. | HO / AFP

Quelques heures après l’annonce par le département américain de la justice de la nomination de l’ancien directeur du FBI Robert Mueller comme procureur spécial pour enquêter sur les soupçons de collusion entre la Russie et l’équipe de campagne de Donald Trump, la présidence américaine est confrontée à de nouvelles révélations.

L’agence Reuters affirme, jeudi 18 mai, que Michael Flynn et d’autres conseillers de la campagne du président américain ont été en contact avec des responsables russes et des personnes jugées proches du Kremlin à au moins 18 reprises entre avril et novembre 2016.

Ces contacts, qui ont pris la forme de courriels et de conversations téléphoniques, font désormais partie du dossier qui est examiné par le FBI et par des commissions de la Chambre des représentants et du Sénat enquêtant sur l’ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle.

Court-circuiter l’administration de la sécurité nationale

Parmi ces contacts, qui n’avaient pas été révélés auparavant, se trouvent des conversations téléphoniques entre l’ambassadeur de Russie à Washington, Sergueï Kislyak, et des conseillers de Donald Trump, dont Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale contraint à la démission le 13 février. Selon trois responsables américains, en fonctions ou ayant été en fonctions, les conversations entre MM. Flynn et Kislyak se sont multipliées après la victoire de Donald Trump le 8 novembre.

Les deux hommes entendaient établir un canal de communication secret entre Donald Trump et Vladimir Poutine afin de court-circuiter l’administration de la sécurité nationale américaine, que les deux présidents considéraient comme hostile à une amélioration des relations entre les Etats-Unis et la Russie, indiquent quatre responsables américains.

Les discussions portaient en particulier sur une amélioration des relations économiques entre la Russie et les Etats-Unis, compliquées par les sanctions qui visent Moscou depuis l’annexion de la Crimée au printemps 2014. Les autres sujets étaient la coopération dans la guerre contre le groupe Etat islamique en Syrie et les moyens de contenir la politique expansionniste de la Chine, précisent ces sources.

La Maison Blanche a d’abord démenti en janvier tout contact avec des responsables russes au cours de la campagne 2016. Depuis, la position de la présidence a évolué et la Maison Blanche a confirmé quatre rencontres entre M. Kislyak et des conseillers de Trump au cours de la campagne.

Pas d’infractions

Des membres des commissions de la Chambre des représentants et du Sénat se sont rendus au siège de la CIA et de la NSA pour consulter des retranscriptions et d’autres documents concernant les contacts entre les conseillers de la campagne Trump et des responsables russes ou des personnes liées à Poutine, indique une source informée de l’enquête.

L’examen du contenu des contacts entre l’équipe de campagne de Trump et des représentants russes n’a pas permis d’établir pour l’instant d’infraction, ont déclaré les sources ayant eu accès aux documents.

Mais ces 18 contacts (courriels et conversations téléphoniques) ont eu lieu au moment où la Russie était engagée, selon la communauté américaine du renseignement, dans une ingérence dans la campagne présidentielle (entre avril et novembre 2016). La Russie tentait d’influencer l’issue du scrutin et de favoriser Donald Trump au détriment d’Hillary Clinton, jugée plus hostile aux intérêts russes, a conclu un rapport du renseignement américain en janvier.

Des proches de Poutine

Outre les six conversations téléphoniques avec Sergueï Kislyak, les documents recensent 12 autres appels téléphoniques, courriels ou SMS entre des conseillers de M. Trump et des responsables russes ou des personnes considérées comme proches de Vladimir Poutine.

L’un de ces contacts est Viktor Medvedtchouk, oligarque ukrainien dont la fille a pour parrain M. Poutine, sans qu’il ait été établi avec qui ce dernier était en lien au sein de l’équipe de campagne de Donald Trump. Les sujets abordés étaient de diverses natures et concernaient la coopération américano-russe. Interrogé par Reuters, M. Medvedtchouk a démenti connaître quiconque dans l’entourage de Donald Trump.

Les identités des personnes liées à Vladimir Poutine ayant été en contact avec la campagne Trump ainsi que les conseillers de ce dernier qui sont concernés sont « masquées » dans les rapports du renseignement américain pour des raisons de protection juridique.

Les spécialistes politiques notent que les contacts avec des responsables étrangers au cours d’une campagne électorale ne sont pas inhabituels mais le nombre recensé entre l’équipe de Trump et des responsables russes est exceptionnel.