LES CHOIX DE LA MATINALE

Au menu, ce week-end : la Nuit des musées – ces derniers ouvrent leurs portes gratuitement à travers la France – ; les sièges du pouvoir exposés aux Gobelins ; deux grands noms du conte, Jihad Darwiche et Pépito Matéo, à Montpellier (Hérault) et à Eybens (Isère) ; une Médée venue de Toronto, à Versailles.

VISITES NOCTURNES. Que faire pour la Nuit des musées ?

Décaler l’expérience muséale, la rendre avant tout accueillante et festive le temps d’une soirée, voici l’esprit qui anime depuis treize éditions la Nuit des musées. Cette année, quelque 3 000 musées participent à la manifestation en Europe, dont plus de 1 300 en France. Certains sont simplement ouverts et gratuits de 19 heures à minuit, beaucoup ont concocté un programme sur mesure.

Parmi les propositions parisiennes : une « expédition scientifique » de 24 heures au Palais de la découverte, une carte blanche à La Place, lieu culturel hip-hop de la capitale, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, ou encore un spectacle musical et visuel conté par l’astrophysicien Hubert Reeves au Musée d’Orsay, dans le cadre de l’exposition « Au-delà des étoiles. Le paysage mystique de Monet à Kandinsky ».

En région, le Louvre-Lens propose une « visite enquête » sur les pas d’un faussaire dans l’exposition « Le Mystère Le Nain ». A Strasbourg, le « complexe de loisirs » de l’Aubette, conçu dans les années 1920 par Theo Van Doesburg et Jean et Sophie Arp, ouvrira exceptionnellement ses portes pour une soirée autour de l’art de la table (surprises culinaires, performance dansée, ciné-burlesque). Outre une visite des collections et des démonstrations, le Musée international de la chaussure de Romans-sur-Isère invite pour sa part les curieux à participer à une installation basée sur un « geste symbolique libérateur » : le lancer de chaussures ! Emmanuelle Jardonnet

La Nuit européenne des musées, samedi 20 mai, de 19 heures à minuit. Visites inédites, ateliers, projections, concerts, spectacles, jeux de piste : le programme est consultable sur le site dédié à l’événement.

EXPOSITION. Aux Gobelins, Jean-Jacques Gautier raconte les sièges du pouvoir

Siège de 1991, signé Sylvain Dubuisson, du bureau de Jack Lang, au ministère de la culture, pieds façon cages enfermant une Vénus de Milo, un serpent bleu, un artichaut et trois dés, en résine. | FLORENCE EVIN

En trois cents chaises, fauteuils, canapés, bergères, banquettes d’antichambre, duchesses, de bois ciselé, cirés, peints ou dorés à la feuille, voire capitonnés et tapissés, selon l’usage, quatre siècles de l’histoire de France sont contés, aux Gobelins, à Paris.

Une formidable exposition voulue par le commissaire Jean-Jacques Gautier, qui a exhumé les trésors des réserves de l’ancien Garde-Meuble royal, réorganisé aux Gobelins en 1663 par Colbert pour Louis XIV. C’est là que le roi et la cour venaient commander et faire réaliser leur mobilier par les meilleurs artisans de la manufacture des Gobelins, laquelle continue à fabriquer des pièces uniques de grands designers.

Une célèbre tapisserie d’après un carton de Charles Le Brun, alors à la tête de la manufacture, montre le Roi-Soleil se faisant présenter, aux Gobelins, en octobre 1667, les dernières réalisations.

Si l’Ancien Régime a perdu beaucoup de ses sièges durant les ventes révolutionnaires, la collection du Mobilier national reste la plus riche du monde en œuvres du XVIIIe siècle. Le choix, judicieux, de présenter les fûts des sièges, armatures de bois ciselé sans garniture, montre la virtuosité, l’inventivité et le savoir des artistes, comme l’évolution du goût.

Le décorateur Jacques Garcia a mis en scène tout ce mobilier en évoquant la manière dont il est conservé dans les réserves, jusqu’aux caisses prêtes à partir dans une ambassade, un ministère, un palais national, puisque que la fonction même de l’institution est de meubler le pouvoir. En prenant ses fonctions, un président, un premier ministre, un ministre a tout le loisir de faire son marché au Mobilier national pour décider des objets qui vont l’entourer pendant son mandat. Les semaines à venir s’annoncent particulièrement actives aux Gobelins. Florence Evin

« Sièges en société, du roi Soleil à Marianne », Galeries des Gobelins, jusqu’au 24 septembre, 44, avenue des Gobelins, Paris 13e. Du mardi au dimanche de 11 heures à 18 heures. De 6 € à 8 €.

CONTES. Le festival Arabesques donne la parole à Jihad Darwiche, à Montpellier

Le conteur Jihad Darwiche. | © JEAN BARAK

Depuis 2006, le festival Arabesques à Montpellier s’est imposé comme le plus important rendez-vous en Europe consacré aux arts du monde arabe. A travers une programmation large mêlant plusieurs disciplines, la musique, le théâtre, le conte, le cinéma, la danse, la calligraphie, etc., cette manifestation souhaite faire découvrir à un large public une culture qui allie patrimoine artistique traditionnel et ancestral et création contemporaine.

La 12e édition fait la part belle au conte, entre autres, notamment pour son week-end de clôture, les 20 et 21 mai. Les plus jeunes spectateurs (à partir de 6 ans) pourront se délecter avec les histoires hautes en couleurs de la conteuse Aïni Iften, avec le prince Ali et Madame Titous, l’ogresse, le samedi à 15 heures au chapiteau du Domaine d’O.

Quant au conteur libanais Jihad Darwiche, l’une des figures du renouveau de la tradition orale en France, il proposera deux facettes de son répertoire, le dimanche : des contes pour les enfants au chapiteau du domaine d’O à 15 heures, et sa nouvelle création destinée aux adultes et aux adolescents, La place Tahrir, le jour où l’espoir nous a prises par surprise, au Théâtre Jean Claude Carrière du domaine d’O à 18 heures.

L’occasion de découvrir ce spectacle très émouvant conçu à partir de témoignages de femmes qui ont participé à la révolution égyptienne au Caire. Toutes générations confondues, militantes, mères de famille, elles ont pour point commun d’avoir surmonté leur peur pour participer au mouvement de révolte et toutes ont dû affronter un obstacle de taille : celui d’être femme dans une société patriarcale qui voyait leur place ailleurs que sur la place Tahrir.

Subtilement accompagné en musique par le compositeur et pianiste Henri Torgue, le récit de Jihad Darwiche est une magnifique fresque de la vie quotidienne au Caire, un hymne à l’espoir et au combat pour la liberté. Cristina Marino

Festival Arabesques à Montpellier (Hérault), 12e édition, jusqu’au 21 mai. Spectacles d’Aïni Iften, le samedi 20 mai à 5 heures, et de Jihad Darwiche, le dimanche 21 à 15 heures et à 18 heures. De 5 € à 16 €.

OPÉRA. Une Médée venue de Toronto, à Versailles

« Médée », de Marc-Antoine Charpentier dans une mise en scène de Marshall Pynkoski. | © BRUCE ZINGER

Cette Médée est née au milieu des gratte-ciel de Toronto dans une compagnie baroque canadienne piquée de musique française. La tragédie lyrique de Marc-Antoine Charpentier ouvrira les fêtes royales qui se tiennent chaque printemps à Versailles.

Le synopsis reste tragique : l’héroïne tue ses enfants afin de punir Jason qui la délaisse pour une autre. Mais la mise en scène de Marshall Pynkoski se joue des codes historiques qu’il dévoie dans l’excès et le kitsch, sans pour autant en trahir le propos.

Le Tafelmusik Baroque Orchestra sous la direction de David Fallis, les chœurs Marguerite Louise, une distribution de beau lignage devraient assurer à cette production de l’Ontario moult faveurs versaillaises. Marie-Aude Roux

Versailles Festival 2017, du 19 mai au 14 juillet. Château de Versailles. « Médée », de Charpentier (19 au 21 mai) ; « Alcione », de Marin Marais (8 au 11 juin) ; « Arsilda, Regina di Ponto », de Vivaldi (23 au 25 juin). Tél. : 01-30-83-78-89. De 38 € à 140 €.

EXPOSITIONS. Choices : le week-end des galeries à Paris

OBSCURRO BARROCO/EVANGELIA KRANIOTI/GALERIE SATOR

Un week-end, une destination et des galeries qui se coordonnent pour leur programmation : la formule conçue pour attirer les collectionneurs du monde entier a été adoptée par Paris il y a deux ans, où elle a pris le nom de « CHOICES ». Pour cette 3e édition, l’événement rassemble ce week-end trente-cinq galeries d’art moderne et contemporain et de nombreux rendez-vous destinés aux collectionneurs comme au grand public.

Entre vernissages, brunchs, performances, projections et rencontres, parmi les temps forts : la Galerie Lelong proposera le samedi une conférence avec Didier Ottinger, commissaire de la rétrospective de David Hockney à la Tate à Londres, qui sera reprise en juin au Centre Pompidou, et le dimanche des signatures avec Marc Desgrandschamps, Ernest Pignon-Ernest et Jan Voss.

Le thème principal du film In the Mood for Love, composé par le Japonais Shigeru Umebayashi, sera interprété au sein de l’exposition du même nom (de Dominique Théâte) à la galerie Christian Berst Art Brut (le samedi à 16 heures).

La Galerie Imane Farès proposera une rencontre avec Alia Farid, artiste d’origine koweiti qui revisite les collections du Musée national du Koweït, bombardé en 1991 avant de pouvoir les rendre publiques (samedi à 17 heures).

Parmi les vernissages : l’exposition-dialogue par Fabrice Hyber entre le travail de Jean Dubuffet et le sien à la Galerie Nathalie Obadia, celle du group show « L’Œil musical », qui réunit des artistes travaillant à la croisée des arts plastiques et de la musique à la Galerie Natalie Seroussi, ou encore celui, accompagné d’une visite guidée le samedi, de l’exposition de Chiharu Shiota à la galerie Daniel Templon. E. J.

CHOICES, les 20 et 21 mai.

SPECTACLE. Le conteur Pépito Matéo fait son cinéma, à Eybens (Isère)

Le conteur Pépito Matéo. | © VIRGINIE MEIGNÉ/BENJAMIN LE BELLEC

Dans le cadre du festival Les Arts du récit, qui se tient jusqu’au samedi 20 mai à Grenoble et dans sa région, l’un des principaux artisans du renouveau du conte en France, Pépito Matéo, propose la première de sa nouvelle création, Le conteur fait son cinéma, à L’Odyssée, l’espace culturel de la ville iséroise d’Eybens.

Par la magie de la parole et de sa gestuelle, il transforme la scène du théâtre en un plateau de tournage pour filmer un court-métrage imaginaire, entre fiction et réalité. Comme dans ses précédents seul-en-scène, Pépito Matéo mêle habilement jeux de mots, humour, souvenirs d’enfance et d’adolescence, récit de vie et conte traditionnel.

Avec « en guest stars, Robert de Niro (sous réserve), une guêpe apprivoisée (non maltraitée durant le tournage), une ancienne gloire des années 1950 sur le retour, un vieux copain que l’on croyait oublié et qui n’en a pas fini avec la vie ».

Le conteur prend un malin plaisir à faire surgir du passé toute une galerie de personnages qui viennent peupler son film imaginaire, des êtres disparus, énigmatiques et originaux. Il manie avec dextérité tout le vocabulaire propre au cinéma, de travellings avant en fondus enchaînés, en passant par les « cut » et les gros plans.

Un spectacle original, à découvrir en famille (dès 12 ans), qui se situe à la croisée de plusieurs disciplines artistiques, le théâtre, le conte, le 7e art. C. Mo.

« Le conteur fait son cinéma », de et avec Pépito Matéo. Vendredi 19 mai à 20 heures. L’Odyssée, espace culturel, 89, avenue Jean Jaurès, Eybens (Isère). Tél. : 04-76-62-67-47. De 5 € à 15 €.