Laura Flessel, ministre des sports, arrive à l’Elysée pour le conseil des ministre, le 18 mai. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

Un grand sourire et déjà des dossiers en main. Jeudi 18 mai, au lendemain de son entrée en fonction, Laura Flessel, 45 ans, a participé à son premier conseil des ministres. La nomination de la double championne olympique d’escrime dans le gouvernement marque le retour d’un ministère de plein exercice consacré aux sports, et seulement aux sports.

Ces trois dernières années, la question sportive se circonscrivait à un simple secrétariat d’Etat, sous la tutelle du ministère de la ville, de la jeunesse et des sports. Quelle différence aujourd’hui ? Dans cette reconnaissance institutionnelle, il faut d’abord voir un symbole opportun destiné au Comité international olympique, qui fera de Paris ou Los Angeles, le 13 septembre, la future ville hôte des Jeux olympiques 2024.

Au-delà, le statut de ministre offrira surtout à l’ex-escrimeuse une plus grande latitude : présence assurée au conseil des ministres, enveloppe ministérielle à défendre (seul 0,14 % du budget de l’Etat est pour l’instant consacré aux sports) et possibilité de signer des décrets. « Comparé à un secrétariat d’Etat qui est souvent baladé, un ministère des sports peut avoir une réelle autonomie dans son fonctionnement », estime Djamel Cheikh, directeur du Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive de Bourges, l’un des pôles nationaux chargé du haut niveau.

« Un peu conservateur, parfois même, ça arrive, machiste »

A l’époque rattachée au ministère de la santé (2009-2010), Rama Yade a trouvé un « inconvénient » majeur à son rôle de secrétaire d’Etat : « Souvent, le ministre de tutelle doit se disperser sur différents secteurs et privilégie l’autre secteur que le sport, parent pauvre de la situation. Ça rend les relations compliquées. »

Malgré son inexpérience en politique, Laura Flessel se dit déjà prête à bousculer « le milieu sportif, peut-être un peu conservateur, parfois même, ça arrive, machiste ». En jeu : faire du sport un « vecteur de lutte contre les discriminations ». Vendredi 19 mai, la Guadeloupéenne a prévu d’effectuer son premier déplacement au Refuge, association parisienne offrant un hébergement temporaire aux jeunes victimes d’homophobie.