Sous le regard des deux premiers de la classe, La Rochelle et Clermont, les quatre autres clubs qualifiés pour les phases finales du championnat de France de rugby vont en découdre ce week-end lors de barrages de chic et de choc. Toulon et Castres ouvrent le bal, vendredi à 21 heures, au Stade Mayol, dans un match qui désignera le prochain adversaire du Stade rochelais, avant le duel de gros bras entre Montpellier et le Racing 92, samedi à 17 heures.

  • Toulon-Castres, le chassé-croisé

Finalistes des éditions 2013 et 2014 du Top 14, Toulon et Castres présentent un bilan semblable cette année. Proches au classement final (4e et 5e), les deux clubs ne se sont plus affrontés en play-offs depuis la finale 2014, quand le RCT avait pris sa revanche (18-10) sur le CO, champion surprise un an plus tôt (19-14). Ce n’est pas faute de participations : le CO n’a raté depuis 2010 qu’une phase finale (en 2015), tandis que le RCT y est présent en continu depuis 2012.

L’approche est toutefois différente. Dans la petite ville du Tarn (40 000 habitants), on ne prend rien pour acquis. « Un club comme le nôtre, une ville comme la nôtre, quand on voit la course à l’armement, quand on voit les grandes villes qui se mettent en route, oui c’est une grande performance de continuer à être sur ces barrages et je crois que sur la saison c’est amplement mérité », s’est félicité l’entraîneur Christophe Urios. L’historique talonneur du CO, champion de France en 1993, est revenu entraîner son club de cœur en 2015 après une expérience réussie à Oyonnax. Pour sa première saison l’an dernier, les Tarnais n’ont pas fait le poids en barrages, éliminés à Montpellier (9-28). « Par rapport à la saison dernière, on se sent un peu mieux et c’est normal », explique le capitaine, Rodrigo Capo Ortega: « La saison dernière, c’était la première année avec Christophe et forcément la mayonnaise commence à prendre. »

On ne peut pas en dire autant de Toulon, qui aura en un an vu cinq managers essuyer son banc : entre Bernard Laporte, parti à l’été 2016 sur une défaite en finale du Top 14, et Fabien Galthié, qui s’apprête à débarquer dans la rade, trois entraîneurs ont tenté leur chance cette saison avec le tempétueux président Mourad Boudjellal. Diego Dominguez puis Mike Ford remerciés, c’est l’Anglais Richard Cockerill qui s’est vêtu du costume de sauveur : depuis son arrivée début avril, le RCT est invaincu (4 victoires). Qu’importe si Toulon a rarement convaincu dans le jeu cette saison. « On a tourné la page de la saison », a expliqué Guilhem Guirado. « On a terminé dans les 4 premiers, ce qui était notre objectif. C’est derrière nous. Si tout se passe bien, il y aura trois matches à gagner pour aller au bout. »

Aller au bout pour clore le cycle exceptionnel (3 Coupes d’Europe, 1 Brennus) des années Giteau. L’Australien aux 103 sélections, promu entraîneur au côté de Cockerill, va vivre son dernier match à Félix-Mayol, sur le banc. « Ils vont essayer de nous crever sur un jeu simple direct et à partir de la conquête », anticipe Urios, confiant : « On va les surprendre ».

L’ailier du MHR Nemani Nadolo. | PASCAL GUYOT / AFP

  • Montpellier-Racing, de la revanche dans l’air

Moins d’un mois après leur dernière confrontation, marquée par plusieurs polémiques, Montpellier et le Racing 92 croiseront de nouveau le fer samedi dans l’Hérault. Le 22 avril, les deux clubs s’y étaient en effet finalement affrontés dans un match moins resté dans les mémoires pour son résultat, sans appel (54-3 pour le MHR), que pour ses à côtés.

Avant, puisqu’il avait été reporté par la Ligue à cette date, en dépit de l’opposition du président héraultais, Mohed Altrad, après la fusion finalement avortée entre le Racing et le Stade français. Pendant, avec des banderoles hostiles au président de la Ligue, Paul Goze, et à celui des Ciel et Blanc, Jacky Lorenzetti, accusés de collusion dans le report de cette rencontre. Et enfin après, avec une sortie au vitriol de l’entraîneur des arrières franciliens, Laurent Labit, affirmant qu’Altrad, dont le nom s’affiche désormais sur le maillot du XV de France, avait « acheté la fédération, le maillot en particulier, et une partie de la presse ».

Tout cela serait oublié, un mois plus tard. Le contexte « ne compte pas, cela ne compte plus », déclare ainsi le troisième ligne montpelliérain Kélian Galletier, quand l’entraîneur des avants du Racing Laurent Travers affirme que « sincèrement, il n’y a pas de tensions » avec le MHR. A voir, en tout cas entre les présidents, et Maxime Machenaud s’attend à un accueil « forcément hostile ». « Mais on s’y est préparé et ce qui nous importe c’est le terrain » ajoute le demi de mêlée.

Brice Dulin. | REMY GABALDA / AFP

Si le MHR arrive lancé (cinq victoires en sept matches), avec son deuxième ligne Jacques Du Plessis (initialement suspendu mais qui a bénéficié d’un vice de forme) et son maître à jouer François Steyn (rétabli), le Racing avance, lui, masqué. Le champion en titre s’est en effet qualifié par un trou de souris après une saison plombée par les affaires extra-sportives (fuite de Goosen, affaire des corticoïdes, contrôle antidopage positif de Dulin et Nyanga à l’higénamine, arrestation pour ivresse au volant de Carter, en possession de cocaïne pour Ali Williams, fusion avortée), mais il est toujours vivant.

« Et on espère rester debout le plus longtemps possible et le plus loin possible » souligne Travers, qui escompte que cette saison tumultueuse « nous aura rendus plus forts ». Les multiples leviers de motivation sont tout trouvés pour les Franciliens, et le demi de mêlée héraultais Benoît Paillaugue s’attend évidemment « à un tout autre match » qu’il y a un mois, entre deux des plus gros packs d’avants du championnat. « Un match de phase finale est un bras de fer à tenir pendant 80 minutes. L’équipe qui lâche prise sur le plan mental perd le plus souvent » résume Galletier, qui « veut aller chercher une demi-finale à Marseille » (27 mai). Une deuxième pour le club, après celle de 2011 remportée (26-25) dans ce même Vélodrome face... au Racing.