Les trois acteurs principaux du film de Robin Campillo, « 120 battements par minute », de gauche à droite : Arnaud Valois, Adèle Haenel et Nahuel Perez Biscayart, au 70e Festival de Cannes, le 20 mai 2017. | ALBERTO PIZZOLI/AFP

  • ON ATTEND AUJOURD’HUI :

En ce samedi, la compétition cannoise ouvre ses portes à deux nouveaux venus. Avec 120 battements par minute, qui retrace l’histoire de la lutte contre le sida dans les années 1990, notamment les actions des militants d’Act Up, le Français Robin Campillo fait son entrée dans la sélection officielle en tant que réalisateur. Il a déjà participé à plusieurs reprises au Festival de Cannes, mais en tant que monteur ou scénariste des films de Laurent Cantet (Entre les murs, Palme d’or en 2008) et de Gilles Marchand (Qui a tué Bambi ? en 2003, hors compétition). De son côté, le Suédois Ruben Östlund a déjà été récompensé à Cannes, par le prix du jury Un certain regard pour son film Snow Therapy (Turist-Force majeure) en 2014, mais c’est également la première fois qu’il est sélectionné pour la course à la Palme d’or avec son nouveau film, The Square, sur la crise existentielle d’un conservateur de musée.

  • DU CÔTÉ DES CRITIQUES :

Retour sur la journée de vendredi 19 mai qui a été marquée, côté compétition, par les suites de la polémique autour du film du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho, Okja, produit par la plate-forme américaine de vidéo à la demande Netflix, et qui ne sortira pas en salles en France.

Pour Mathieu Macheret, « Okja est un film foisonnant, spectaculaire, porté par une action proliférante, qui se déroule dans de splendides décors, avec des effets spéciaux numériques bien intégrés, et mérite donc mille fois son passage en salles, où il prend toute son ampleur ».

Thomas Sotinel a rencontré le cinéaste Bong Joon-ho qui lui a déclaré : « Dès le départ, j’ai su que je ne pourrais pas financer ce film en Asie. » Et d’ajouter : « Ceux à qui j’ai présenté le scénario n’en ont pas voulu. Netflix l’a accepté et m’a offert un soutien total. »

Du côté de la Quinzaine des réalisateurs, le réalisateur français Philippe Garrel poursuit son exploration vibrante des aléas du désir avec L’Amant d’un jour. Pour Jacques Mandelbaum, « rien n’est dit jamais, rien n’est certain, tout vibre toujours chez Garrel du sentiment de l’incertitude, de la grâce miraculeuse des jeunes femmes, de la beauté fugace, et à chaque fois intensément rejouée, d’un monde de sable dont on sait bien qu’il nous coule entre les doigts et nous ensevelit le cœur ».

Enfin, dans la section Un certain regard, le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof dresse une charge kafkaïenne contre la corruption et la violence du pouvoir iranien avec Un homme intègre, l’histoire d’un pisciculteur harcelé par l’administration. Comme l’explique Isabelle Regnier dans sa critique, « comme les poissons rouges dans l’eau stagnante de son étang, le pisciculteur est pris au piège d’un système de corruption généralisée dont toute la communauté est complice. Chaque fois qu’il pense avoir trouvé une issue à sa situation, il voit s’abattre sur lui un nouveau cataclysme, plus ravageur encore. »

  • DU CÔTÉ DES REPORTERS :

Laurent Carpentier a rencontré l’acteur et réalisateur français Eric Caravaca qui est à Cannes pour son rôle dans le film de Philippe Garrel, L’Amant d’un jour, mais aussi pour présenter en Séance spéciale (hors compétition) son propre documentaire Carré 35. Ce dernier doit son titre à l’emplacement où sa sœur, morte à 3 ans, dont il n’a découvert que tardivement l’existence, est enterrée au cimetière de Casablanca.

Comme Eric Caravaca l’explique lors de cette rencontre : « Le but de ce film, c’était de faire en sorte que cette enfant existe. Cette présence, je l’ai découverte à ce moment-là mais au fond, je l’ai toujours su, c’était là. (…) Je n’ai compris de quoi parlait mon premier film, Le Passager [2005], que cinq ans après. Je pensais parler de deux frères, mais le premier je le tue au début, et en fait je parlais de ma sœur. »

Clarisse Fabre, quant à elle, raconte comment le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof a pu venir cette année sur la Croisette sans être « bloqué à l’aéroport de Téhéran, privé de passeport ou d’autorisation de tournage ». Lors d’un entretien, il a déclaré, entre autres, à propos de la situation politique dans son pays : « Rohani est porteur d’espoir. Mais, pour moi, l’ère Rohani n’a pas encore commencé. Ahmadinejad a tellement ruiné le pays pendant huit ans… »

  • DU CÔTÉ DE LA PHOTO :

Ted Sarandos (Netflix) à Cannes, le 19 mai 2017. | STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

  • DU CÔTÉ DE LA VIDÉO :

Festival de Cannes 2017 : « Okja » de Bong Joon-ho, un monstre attachant et une satire du capitalisme
Durée : 03:19