Réunion publique de soutien aux candidats Les Républicains aux législatives au Parc floral le 20 mai 2017. De gauche à droite : Valérie Pecresse, François Baroin, Christian Jacob et Gérard Larcher. | Alain Guilhot/Le Monde

Dans un pavillon du Parc floral de Paris, au cœur du bois de Vincennes, le chauffeur de salle mobilise la droite francilienne : « Je vous demande d’accueillir le futur premier ministre de la France… François Baroin. » Six jours après la nomination d’un homme de droite, le juppéiste Edouard Philippe, à Matignon, le parti Les Républicains (LR) a organisé une grande réunion publique pour lancer la campagne des élections législatives. L’objectif est d’imposer au soir du 18 juin une majorité LR à Emmanuel Macron et donc de changer de chef de gouvernement pour imposer un autre premier ministre de droite. « Je voudrais qu’Emmanuel Macron ait la majorité qu’il faut à la France. Une majorité sans ambiguïté, sans faux-semblant. une vraie majorité et non une majorité de circonstances, de rencontres et d’ambitions personnelles », a lancé François Baroin devant un peu moins de 2 000 personnes en décrivant les élections législatives comme « la mère des batailles ».

Après la défaite de François Fillon au premier tour, le parti de la rue de Vaugirard tente de se relancer dans cette période très compliquée. Pour le moment, les sondages n’annoncent pas une victoire de LR au « troisième tour », selon l’expression de M. Baroin, responsable de la campagne. La nomination de trois ministres de droite – Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin – dans le premier gouvernement de M. Macron et sa tentative de recomposition perturbent l’espace politique des Républicains. Les ténors de la droite tentent donc de minimiser ces nominations qui ne seraient que des débauchages individuels alors que le parti tient le choc. « Imaginez que dès le lendemain de la présidentielle, les Républicains aient rejoint En marche ! (…) Les Français nous regarderaient avec consternation et peut-être plus encore », a estimé M. Baroin bien obligé d’évoquer les « Macron-compatibles » en employant l’expression d’Edgar Faure : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. » Ou encore celle de Jean Guitton : « Etre dans le vent, c’est avoir un destin de feuille morte. »

Réhabiliter le clivage gauche-droite

Depuis le début de cette campagne, M. Baroin refuse d’employer le terme de cohabitation qu’aurait aimé marteler une partie de la droite dure. Mais l’objectif officiel de LR reste d’imposer un nouveau gouvernement. Un argument de mobilisation. Car en privé, les ténors admettent qu’il sera sans doute très compliqué d’obtenir la majorité absolue. L’idée est plutôt d’obtenir le maximum de députés pour imposer au nouvel exécutif une coalition. Samedi, M. Baroin a une nouvelle fois expliqué que le second tour de la présidentielle ne reflète pas l’état du pays. « Une large partie des Français s’est rassemblée contre le Front national et non pour Emmanuel Macron », a-t-il déclaré. Pour mener cette bataille, le sénateur de l’Aube s’appuie sur un programme modifié par rapport à la campagne de François Fillon avec une baisse de l’impôt sur le revenu de 10 %, la défiscalisation des heures supplémentaires et des signes à la ruralité avec la création d’une agence nationale de renouvellement rural.

Bernard Accoyer, Gérard Larcher, François Baroin, Valerie Pécresse et Eric Woerth samedi au Parc floral | Alain Guilhot/Le Monde

Pour exister dans cette campagne, l’impératif de la droite est de réhabiliter le clivage gauche-droite malmené par la première semaine de mandat de M. Macron. Une manœuvre compliquée dans cette période chamboule tout. Samedi, les trois ministres de droite n’ont été cités par aucun des intervenants. Tous ont par contre décrit le nouvel exécutif comme un nouvel hollandisme, le « pavillon de complaisance qui recouvre du socialisme de contrebande » selon les mots de M. Baroin. « La présence de François Bayrou et de hiérarques socialistes montre que la politique menée penchera à gauche », a poursuivi le sénateur de l’Aube rejoint par Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France : « Le clivage droite-gauche est présent dans la mémoire de notre nation, dans son histoire, depuis la Révolution française. Il a un sens, une nécessité. Nous sommes une famille politique forte, structurante, enracinée dans l’histoire de France. »

Des absences très remarquées

Histoire de contrer l’image de renouvellement et de modernité captée par M. Macron depuis son arrivée au pouvoir, le parti a demandé à de jeunes candidats aux législatives de prendre la parole. Au premier rang de la salle, le président du Sénat, Gérard Larcher, le secrétaire général de LR, Bernard Accoyer et le responsable du projet, Eric Woerth, sont restés silencieux. Mais dans cette droite tiraillée, les absents ont aussi été remarqués. Trois candidats franciliens, Nathalie Kosciusko-Morizet, Thierry Solère et Gilles Boyer, n’étaient pas présents. Tous ont signé cette semaine un appel pour répondre à la « main tendue » d’Emmanuel Macron. Un manifeste qui a été très peu apprécié par les responsables de LR qui ont vu un très mauvais signal envoyé au candidat et une façon de cautionner l’arrivée des ministres de droite au gouvernement.

Le Maire et Darmanin au gouvernement : des nominations qui font grincer des dents
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