Le premier ministre, Edouard Philippe affirme, dans un entretien au Journal du Dimanche, publié le 21 mai, que son « objectif » est de « donner une majorité » au président Emmanuel Macron à l’issue des élections législatives, des 11 et 18 juin, en faisant « campagne pour les candidats qui partagent cet objectif ». Il s’explique par ailleurs sur deux des dossiers « chauds » pour le nouveau gouvernement, la réforme du droit du travail et le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Pour la première, qui est « majeure », il y aura, dit-il, « une discussion » avec les partenaires sociaux et le Parlement, mais il faudra ensuite « aller vite » pour la mettre en œuvre. Quand au second, « toutes les options sont sur la table », le temps d’une médiation qui durera six mois, assure-t-il.

Construire une majorité

« C’est une des tâches qui m’attend : l’organisation et l’animation de la majorité que nous allons construire autour du projet du chef de l’Etat », déclare le premier ministre qui devra faire campagne face à des candidats qui sont des amis. « Je ne vais pas, alors que je souhaite qu’on réponde à la main tendue par le président, me mettre à insulter, dénigrer ou critiquer des personnes que j’estime mais qui ne font pas le même choix que moi. »

Il en profite pour répondre, de manière détournée aux critiques sur sa décision d’accepter de devenir le premier ministre d’Emmanuel Macron : « J’ai vu que ce choix suscitait des réactions, parfois acides. J’y répondrai par le calme et la tolérance. Ce qui m’intéresse, c’est de faire avancer le pays. »

Face aux accusations de trahison au sein de la droite, Edouard Philippe assure au contraire que « quand [il] relit le programme d’Alain Juppé, son esprit et ses propositions », il « retrouve beaucoup d’éléments qui figurent dans le projet d’Emmanuel Macron, notamment d’un point de vue économique ». « Je constate une proximité évidente. A la place qui est la mienne, j’ai le sentiment de faire avancer les idées auxquelles je crois », souligne-t-il.

Une discussion sur la réforme du travail

« Une bonne réforme est une réforme bien pensée, bien discutée, puis bien exécutée. La réforme du code du travail a été bien pensée. Nous allons désormais la discuter pour l’enrichir et l’expliquer, explique M. Philippe. Cela veut dire une discussion avec les organisations syndicales, qui est indispensable, et une discussion parlementaire qui aura lieu à l’occasion du vote de la loi d’habilitation qui permettra au gouvernement de prendre des ordonnances dans le cadre défini par le Parlement ».

« Avec la ministre du travail, Muriel Pénicaud, nous aurons des rencontres bilatérales avec l’ensemble des organisations syndicales. Mais une fois que la discussion aura eu lieu, il faudra aller vite. On ne peut pas attendre deux ans pour achever cet exercice », prévient-il, en affirmant qu’Emmanuel Macron « a entendu la colère des Français ».

Calmer les tensions autour de Notre-Dame-des-Landes

Il est urgent de faire baisser le niveau de tension « sur le dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, juge le premier ministre. La médiation va nous y aider. Elle durera six mois. »

« Nicolas Hulot [le nouveau ministre de la Transition écologique] et moi souhaitons vraiment que toutes les options soient sur la table. Puis viendra le temps de la décision et de sa mise en œuvre », ajoute Edouard Philippe. Jeudi, le premier ministre avait déjà promis que la décision serait « claire » et « assumée » sur ce dossier.

Nicolas Hulot, qui a aussi la main sur les transports, est, lui, opposé au projet d’aéroport. Il a estimé jeudi qu’il existait « d’autres alternatives » et que « la médiation qui va démarrer probablement en fera la démonstration ».

Pendant sa campagne, le candidat Macron avait souhaité « une dernière fois, regarder les choses » en termes « économiques, environnementaux, d’empreinte carbone, de capacité à développer » et avait dit vouloir nommer un médiateur et se donner six mois avant de décider.

Apaiser les tensions avec la presse

Interrogé sur le fait de savoir si l’exécutif a fait le choix de peu communiquer, il admet qu’« il y a une volonté d’organiser la communication, de ne pas nourrir un bavardage permanent ».

« Dans la phase préparatoire d’un projet, personne n’a vocation à exposer sur la place publique des positions qui ne sont pas arbitrées », lance M. Philippe en guise de mise en garde à son équipe gouvernementale.

L’Élysée a tenté vendredi d’apaiser les tensions avec la presse qui, quelques jours seulement après l’investiture d’Emmanuel Macron, s’est alarmée des tentatives de la présidence de choisir les journalistes couvrant les déplacements du nouveau chef de l’État.

Les sociétés de journalistes de 25 médias parmi lesquels l’AFP, TF1, BFMTV, Europe 1, Le Figaro, Le Monde ou Franceinfo, une quinzaine de responsables de rédactions, ainsi que RSF, avaient cosigné une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron pour manifester leurs « inquiétudes quant à l’organisation de la communication présidentielle ».