Amal et Anass se sont rencontrés alors que Anass parcourait le Maroc à pied. Elle a fait partie des 300 personnes qui se sont jointes à lui, pour quelques kilomètres ou plus, pour découvrir leur son propre pays. | The Yakines

C’est probablement le couple de nomades le plus populaire du Maroc. A 27 et 29 ans, Amal et Anass Yakine, alias The Yakines, ne restent jamais longtemps au même endroit. Inséparables depuis leur mariage en 2015, ils parcourent ensemble des centaines de kilomètres à pied à travers le Maroc et racontent leur périple à plus de 200 000 amis sur Facebook. Cette année, le couple de Marocains a décidé de franchir les limites et les frontières : traverser l’Afrique en voiturette à pédales.

A bord de cet engin à deux places, ils vont arpenter les 54 pays du continent et ses îles, sans exception. « Nous allons longer la côte ouest jusqu’en Afrique du Sud, puis remonter le continent par l’est, indique Anass Yakine. Certaines zones peuvent être dangereuses, mais comme on ne peut pas calculer les risques à l’avance, on s’adaptera sur place. » Le voyage, qui doit débuter fin 2017, va durer au moins sept ans, « peu importe le temps que ça prendra » assurent les Yakines. Une condition : chaque soir, se faire inviter à dormir chez l’habitant. « C’est le meilleur moyen de découvrir réellement un pays », insiste Amal Yakine. Pour trouver des hôtes, les globe-trotteurs comptent sur leur page Facebook « Yakines around Africa », qu’ils alimenteront de photos et de récits au fil du voyage.

Amal et Anass Yakine au Maroc. | The Yakines

Un projet fou qu’Anass Yakine rêve de concrétiser depuis son adolescence. Avant d’accorder « Yakine » au pluriel, le jeune Marocain originaire de Casablanca a d’abord marché seul à la découverte de son pays. Entre 2012 et 2014, il a parcouru 5 000 km de déserts, montagnes et villages, en racontant ses péripéties sur sa page Facebook « Le tour du Maroc à pied ». « Au début, on me prenait pour un fou, un rebelle qui cherchait à fuir la société parce que j’avais abandonné mes études pour mener une vie sur la route », raconte Anass Yakine, 29 ans, Converse aux pieds et cheveux en bataille. « Au Maroc, nous ne sommes pas élevés à accepter nos différences. Aventurier est souvent synonyme de déséquilibré. Moi, l’aventure, c’est mon oxygène. »

« Ni métier ni maison ni voiture »

Quatre mois après le début de l’expédition, le voyage connaît finalement un grand succès sur les réseaux sociaux. « Au fur et à mesure, j’ai commencé à recevoir des messages de gens qui voulaient me rejoindre », se souvient Anass Yakine. Au total, 300 personnes ont marché derrière lui : des Marocains de 2 à 72 ans, dont 180 femmes. Amal était l’une d’elles. « Je n’avais ni métier, ni maison, ni voiture. Je n’aurais jamais cru trouver une Marocaine qui allait accepter ça », sourit le jeune homme.

Anass et Amal Yakines marcheurs et amoureux fous. | The Yakines

Aujourd’hui, les Yakines sont des voyageurs à temps plein. Nomades certes, mais nomades digitaux. « Les réseaux sociaux nous ont permis de réaliser notre rêve : vivre de notre passion », reconnaissent-ils. Sur la Toile, « Yakines » est devenu une marque. Grâce au succès de leurs comptes Facebook, Twitter et Instagram, le couple est sollicité pour donner des conférences rémunérées ou pour faire des voyages en partenariat avec des entreprises ou des institutions. Fin 2016, le ministère du tourisme marocain a fait appel aux Yakines pour sillonner le Maroc, de Chefchaouen (nord) à Dakhla (sud), sur le thème du voyage durable afin de sensibiliser la population aux problématiques environnementales. « Nous sommes payés pour voyager, on ne s’en cache pas. Mais nous sommes sélectifs sur les partenariats, car nous ne voulons pas devenir les outils d’une quelconque stratégie de communication », affirment-ils.

Les Yakines ne sont pas les premiers globe-trotteurs marocains à se lancer dans ce type d’aventure. Plusieurs Marocains sont déjà sur les routes africaines, en voiture, à moto, à pied ou à vélo. Tous tiennent des récits de voyage très suivis sur les réseaux sociaux. « Avant, on était vus comme des hippies antisystème. Aujourd’hui, les gens lisent nos histoires », sourit Anass.