Un jeune manifestant tunisien est mort, lundi 22 mai, après avoir été écrasé « accidentellement » par un véhicule de la gendarmerie à Al-Kamour, une région du sud du pays agitée depuis des semaines par des protestations sociales, a annoncé le ministère de la santé.

Depuis près d’un mois, des habitants campent dans la zone d’Al-Kamour et entravent la circulation des camions vers les champs pétroliers et gaziers de Tataouine, réclamant une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés du secteur. La tension est montée ces derniers jours sur le site, qui se trouve à environ deux heures de route de la ville de Tataouine, et les forces de l’ordre ont fait usage lundi matin de gaz lacrymogène pour repousser des manifestants qui tentaient de pénétrer dans le complexe pétrolier et gazier.

Tirs de sommation

Dès samedi, pour la première fois depuis que le président Béji Caïd Essebsi a demandé officiellement aux militaires de protéger les sites de production d’éventuels blocages dus à des mouvements sociaux, l’armée avait procédé à des tirs de sommation pour disperser la foule. Dimanche soir, le ministère de la défense a par ailleurs prévenu que l’armée aurait recours à la force contre quiconque tenterait de pénétrer dans ces installations.

Son communiqué mettait en garde « tous les citoyens contre des poursuites judiciaires en cas de heurts avec les unités militaires et sécuritaires, et contre les dommages physiques pouvant les atteindre dans le cas d’une gradation dans l’usage de la force ». « Il faut comprendre que la tentative d’entrer par la force dans l’installation protégée par l’armée […] n’est pas un acte pacifique. C’est une tentative d’entrer par la force et cela requiert une réaction », a insisté lundi matin le porte-parole du ministère, Belhassen Oueslati, sur la radio Express FM.

Situation tendue à Tataouine

Lundi matin, des violences ont également éclaté devant le siège du gouvernorat de Tataouine (500 km au sud de Tunis), où des habitants ont décidé de se rassembler en solidarité avec le mouvement de contestation d’Al-Kamour, a rapporté un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP). Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent au moins un manifestant ensanglanté, tandis que des ambulances arrivent sirènes hurlantes à l’hôpital de la ville. La situation restait là aussi très tendue en début d’après-midi, selon le correspondant de l’AFP.

En fonction depuis moins d’un an, le gouvernement d’union de Youssef Chahed, à l’image de ses prédécesseurs, est confronté à une grogne sociale croissante, en particulier dans les régions de l’intérieur. Les mouvements prennent régulièrement l’allure de sit-in bloquant routes et accès à certains sites. En janvier 2016, après le décès d’un jeune manifestant lors d’une manifestation pour l’emploi à Kasserine (ouest), la Tunisie avait connu sa plus importante contestation sociale depuis la révolution de 2011.