La propagation du logiciel de racket qui a touché des milliers d’entreprises et de particuliers à travers le monde, le 12 mai, avait été en grande partie ralentie grâce à un jeune Anglais qui habitait chez ses parents. A 22 ans, il travaille pour l’entreprise de sécurité informatique Kryptos Logic et avait, avec un simple achat de nom de domaine, endigué la propagation du « rançongiciel ». Ce mélange de chance et d’habileté lui a valu le surnom de « héros accidentel ».

Au moment des faits, il avait tout fait et insisté, auprès des médias britanniques qui l’ont contacté, pour garder son anonymat. Il se présentait sous le pseudonyme de son compte Twitter et son blog, MalwareTech. « Ça n’a pas de sens de rendre publiques des informations personnelles sur moi », expliquait-il au Guardian :

« Il est évident que nous luttons contre des types mal intentionnés, et qu’ils ne vont pas être contents. »

Ce statut improbable, mélange de lanceur d’alerte et de personne hautement qualifiée au bon endroit, au bon moment, impliquait effectivement un peu de prudence de la part des médias. Sauf pour les puissants tabloïds britanniques, qui ont mis en œuvre leurs capacités d’enquêtes intrusives.

« Cinq minutes de gloire horribles »

Dans une série de tweets publiés le 20 mai, @MalwareTechBlog a raconté comment des tabloïds, qu’il n’a pas identifiés, ont retrouvé son identité en passant par ses proches, en leur proposant de l’argent et en essayant de remonter à lui à travers sa copine.

« Je savais que les cinq minutes de gloire allaient être horribles mais honnêtement, je ne pensais pas à quel point… Les tabloïds britanniques sont super intrusifs ».
« Les tabloïds ici ne s’intéressent pas à l’histoire, ils s’intéressent à chaque détail de la personne qui la révèle et iront très loin pour les découvrir. »

Il s’excusera ensuite sur Twitter pour ce « coup de gueule », encouragera ses followers à ne pas s’en prendre aux journalistes en général et terminera avec un message qui à lui seul résume parfaitement notre vie en 2017 :

« Ce que je voulais dire, c’est que je ne voulais pas devenir célèbre, j’ai essayé de rester anonyme et j’ai été traîné sous les projecteurs. »