L’affrontement entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen sur le site de Whirlpool, à quelques heures d’intervalle, restera un événement marquant de l’entre-deux-tours de la présidentielle. L’usine d’Amiens, où près de 600 emplois directs et indirects sont menacés, est devenue le symbole de la désindustrialisation de l’Hexagone.

Ces derniers mois, l’attention médiatique et politique s’est portée sur Whirlpool, mais également sur la marque de vêtements Tati ou sur l’équipementier automobile GM & S. A chaque fois, des scénarios similaires, ou presque : la perspective d’une fermeture d’usine, des salariés en colère et le politique entre impuissance et volontarisme.

Pour autant, peut-on dire que la France subit une vague de licenciements ces derniers mois ? D’après les chiffres les plus récents du ministère du travail, qui évaluent la situation jusqu’en septembre 2016, la réponse est non.

Un indicateur : le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi

Lorsqu’une entreprise qui compte plus de cinquante employés veut licencier au moins dix d’entre eux, un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) doit être mis en place. Ce plan vise à limiter les licenciements, par exemple en réduisant la durée collective du travail dans l’entreprise ou en reclassant les salariés en interne. Il doit également intégrer un « plan de reclassement » afin de faciliter la réintégration professionnelle des personnes licenciées.

En se fondant sur ces données, disponibles de juillet 2013 à septembre 2016, il est impossible d’affirmer que la France connaît une hausse des plans de restructuration. Hormis le mois d’août, qui connaît en général un nombre de lancements de PSE faible, les chiffres sont relativement stables. En moyenne, soixante-trois PSE sont initiés chaque mois.

Une relative stabilité du nombre de plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) initiés mensuellement

Si tout licenciement collectif dans une entreprise de plus de cinquante personnes donne lieu à un PSE, il faut noter que chaque plan ne donne pas nécessairement lieu à des licenciements. Il est théoriquement possible que tous les salariés concernés soient replacés en interne ou que d’autres mesures permettent d’éviter les coupes claires.

On observe une stabilité du nombre de personnes rejoignant Pôle emploi après un licenciement économique

Pour remonter au-delà de 2013, il faut se tourner vers les informations sur les personnes qui s’inscrivent à Pôle emploi à la suite d’un licenciement. Ces données vont dans le même sens que celles qui sont relatives aux PSE : on observe, après un pic provoqué par la crise de 2008, une stabilité dans le nombre de personnes rejoignant Pôle emploi après un licenciement économique.

Les entrées à Pôle emploi à la suite d'un licenciement économique ont surtout connu une forte hausse entre 2008 et 2010

Créations d’emplois légèrement à la hausse

D’autres indicateurs vont dans le même sens. Les créations d’emplois repartent légèrement à la hausse depuis deux ans, après une chute à la fin de 2014. De même, le nombre d’entreprises en dépôt de bilan est au plus bas depuis le début de 2016.

Les licenciements économiques sont symboliquement forts. Pourtant, ils sont l’une des causes les moins importantes d’inscription à Pôle emploi. Les contrats non renouvelés, les personnes en reprise d’activité (fin de stage, de congé maternité ou de maladie) et premières inscriptions (personnes sortant des études, par exemple) représentent des contingents bien plus importants.

Les fins de contrat et les reprises d'activité sont les motifs d'inscription à Pôle emploi les plus courants

La catégorie "Autres" regroupe par exemple les ruptures conventionnelles de CDI, les retours en France ou les fins de détention.

Emmanuel Macron a refusé de promettre aux employés de Whirlpool qu’il sauverait leur usine. Le nouveau président veut mettre l’accent sur la reconversion professionnelle. L’avenir dira si cela lui permettra de faire baisser le taux de chômage, défi auquel François Hollande avait eu bien du mal à faire face.