Vladimir Poutine lors d’une précédente visite à l’Elysée, le 2 octobre 2015. | RÉGIS DUVIGNAU / REUTERS

C’est un symbole qui ne peut que réjouir Vladimir Poutine. Le président russe sera en France le jour de l’inauguration, le 29 mai, de l’exposition sur Pierre le Grand au Grand Trianon, à Versailles. L’invitation lui a été faite par Emmanuel Macron lors de leur entretien téléphonique jeudi 18 mai, à l’occasion duquel les deux chefs d’Etat, « malgré les divergences de positions sur différents sujets, avaient rappelé la relation ancienne et particulière entre les deux pays ».

L’exposition marque le 300anniversaire de l’ouverture de l’ambassade de la Russie à Paris par ce tsar qui avait voulu ouvrir son pays à l’Europe. On ne peut rêver meilleure occasion de relancer des relations mises à mal, ces dernières années, par l’annexion de la Crimée, la déstabilisation de l’est de l’Ukraine et l’engagement militaire russe aux côtés des forces du président syrien, Bachar Al-Assad.

Repartir du bon pied

En octobre 2016, Vladimir Poutine avait annulé sa visite, durant laquelle était notamment prévue l’inauguration d’un centre culturel et spirituel orthodoxe russe, après que François Hollande lui a fait comprendre qu’elle se réduirait à « une simple visite de travail centrée sur la Syrie ». Paris voulait marquer le coup après un nouveau veto russe au Conseil de sécurité des Nations unies et la poursuite des bombardements des quartiers rebelles de l’est d’Alep. Pourtant, les autorités françaises, contrairement à une idée reçue, n’ont cessé ces dernières années de parler à la Russie, y compris au plus haut niveau et ce malgré un contexte stratégique difficile.

Le nouveau président n’en veut pas moins repartir du bon pied, même si les médias proches du Kremlin ne sont guère tendres à son encontre. « Il s’agit de répondre à la défiance par du symbolique », résume Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Dans leur entretien téléphonique de la semaine dernière, les deux présidents avaient convenu de poursuivre leur dialogue aussi bien sur la Syrie et l’Ukraine que plus généralement sur les questions de sécurité.

Le contentieux est lourd, à commencer par la question des sanctions imposées depuis l’automne 2014 par l’Union européenne à la Russie en raison de son soutien aux rebelles de l’est de l’Ukraine. La levée des sanctions est conditionnée à la pleine mise en œuvre des accords de Minsk de février 2015. Parrainés par François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel, ces accords ont permis un cessez-le-feu et jeté les bases d’un plan de paix qui est resté en bonne partie lettre morte. Paris voudrait aussi que Moscou, principal soutien, avec Téhéran, du régime syrien, oblige ce dernier à négocier sérieusement pour trouver une issue politique au conflit.

Après le sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), le 25 mai, puis celui du G7, les 26 et 27 mai, cette rencontre permettra au président français d’asseoir encore un peu plus sa stature internationale. Mais cette visite est d’abord une opportunité pour Vladimir Poutine, alors même que sa politique de rapprochement avec l’Asie piétine et que les relations avec les Etats-Unis restent tendues. « Cette visite à Paris est comme un écho à celle de 2001, où il avait expliqué que l’Union européenne était le partenaire naturel de la Russie », relève M. Gomart. Mais cela ne suffira pas à réparer ce qui a été cassé par l’attitude du Kremlin. « La perte de confiance, note le directeur de l’IFRI, est encore plus forte à Berlin, qui considère l’annexion de la Crimée et la politique russe dans l’est de l’Ukraine comme une remise en cause de la sécurité européenne post-1991. »