L’ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye, mardi 23 mai, à l’ouverture de son procès à Séoul. | AHN YOUNG-JOON / AFP

La mine sombre, l’ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye a comparu, mardi 23 mai, à Séoul, à l’ouverture de son procès dans la retentissante affaire de corruption qui a précipité sa destitution. L’ancienne dirigeante, connue pour le soin extrême apporté à son image, est apparue sans maquillage, menottée et arborant son matricule de détenue.

Ce procès est le nouvel épisode d’une longue saga ponctuée de manifestations monstres qui ont accéléré la chute de Mme Park. Fille de dictateur démocratiquement élue, Park Geun-hye a été destituée en décembre par le Parlement. La Cour constitutionnelle a confirmé cette destitution au début de mars, ce qui a eu pour conséquence de lever son immunité.

Dix-huit chefs d’inculpation

En entrant dans le tribunal, Mme Park, 65 ans, a évité de croiser le regard de celle par qui le scandale est arrivé, son « amie de quarante ans » Choi Soon-sil, également poursuivie. Mme Choi, qui n’occupait aucune position officielle dans l’administration, est accusée d’avoir profité de ses relations pour contraindre en échange de faveurs politiques de grands conglomérats à verser près de 70 millions de dollars à des fondations qu’elle contrôlait.

« Choigate » : comprendre le scandale politique en Corée du Sud en 3 minutes
Durée : 03:09

Mme Park est aussi accusée d’avoir laissé Mme Choi, fille d’un chef religieux douteux, se mêler d’affaires de l’Etat, qu’il s’agisse de nominations au sommet ou de la garde-robe présidentielle. L’ex-présidente est jugée pour dix-huit chefs d’inculpation, dont corruption, coercition et abus de pouvoir, et risque la prison à vie.

« Procès du siècle »

D’une voix calme, elle a rejeté toutes les accusations. Mme Choi a fait de même, son avocat dénonçant une affaire « politique »« Je suis très désolée d’avoir fait que Mme Park comparaisse ainsi », a déclaré Mme Choi en réprimant un sanglot. « La présidente Park n’est pas quelqu’un qui se laisse appâter par les pots-de-vin ».

Ce « procès du siècle », selon l’expression du procureur spécial Park Young-soo, se tient deux semaines après l’élection de l’ancien avocat de centre-gauche Moon Jae-In à l’issue d’une présidentielle anticipée.

Mme Park est le troisième ancien chef de l’Etat à être arrêté dans une affaire de corruption en Corée du Sud. Les présidents Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo ont purgé des peines de prison pour ce motif dans les années 1990.