Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir en urgence à huis clos, mardi 23 mai, pour faire avancer le dossier du double assassinat de ses deux experts dans la région du Kasaï, en République démocratique du Congo (RDC), plus de deux mois plus tôt.

Le 12 mars, Zaïda Catalan et Michaël Sharp, deux membres du groupe d’experts de l’ONU en mission dans le Kasaï-Central, dans le centre de la République démocratique du Congo (RDC) disparaissaient. Leurs corps étaient retrouvés quinze jours plus tard avec d’autres victimes des affrontements entre miliciens Nsapu et forces de sécurité congolaises qui ensanglantent la région depuis août 2016.

Début mai, la justice congolaise annonçait l’ouverture imminente du procès des présumés assassins des deux experts, sans en préciser la date. Mais c’est une enquête du New York Times, publiée samedi 20 mai, qui semble accélérer les choses côté onusien.

L’article en question revient sur ce double assassinat, qui a révélé le manque de protection accordée à ses experts par les Nations unies dans des zones dangereuses et son attentisme dans le suivi de l’enquête. « Près de deux mois ont passé avant que l’ONU ne mette en place un panel pour étudier ce qui est arrivé. Le Conseil de sécurité pourrait aller plus loin et réclamer une enquête plus formelle, cela n’a pas encore été fait », dénonce le quotidien.

Assassinats ciblés

Jusqu’à maintenant, seules les autorités de Kinshasa étaient censées mener une enquête. Or le New York Times (NYT) révèle que des responsables au pouvoir pourraient avoir joué un rôle dans ce meurtre grâce à plus d’une centaine de documents récupérés sur l’ordinateur de Madame Catalan. Parmi eux, l’enregistrement d’une conversation téléphonique entre l’ancien ministre Clément Kanku et un subordonné où l’on peut l’entendre se féliciter de l’incendie de la ville de Tshimbulu et évoquer les assassinats ciblés d’un militaire gradé et d’autres officiels. Démis de ses fonctions en mai, l’ex-ministre du développement avait des liens étroits avec les miliciens dans la région du Kasaï en 2016. Il est également soupçonné d’incitations à la violence dans ces affrontements.

Des sources proches de l’enquête du quotidien américain indiquent que le ministre savait que Mme Catalan possédait cet enregistrement, dont elle était censée s’entretenir avec lui à son retour de mission. Contacté par le NYT, Clément Kaku a d’abord nié avoir été en contact avec les experts de l’ONU, avant de le reconnaître.